Sort de l'autoroute A69: tout ce qu'il savoir de cette affaire hors normes

L'avenir du chantier de l'autoroute A69 pourrait être scellé ce jeudi. Une décision majeure est attendue sur l’avenir de cette route qui cristallise les tensions. Une décision qui pourrait être inédite. La justice peut dire STOP à ce chantier d'autoroute qui doit relier Toulouse à Castres. Un tracé de 53 kilomètres, entamé en mars 2023. Les constructeurs espèrent toujours l’achever à la fin de l’année.
Mais la route est sinueuse, le chemin semé d’embûches. Si le Tribunal administratif de Toulouse décide d’interrompre les travaux, alors ce sera un scénario inédit pour un projet autoroutier d’une telle envergure.
Un arrêt qui coûterait très cher
D’autant que le chantier est déjà très avancé. Des ponts, des ronds-points sont déjà sortis de terre, ils sont d’ailleurs pour la plupart terminés. Plusieurs échangeurs ont aussi déjà été construits et les travaux de terrassement ont bien avancé. Seul le revêtement, le bitume n’a pas encore été versé.
D’après l’Etat et Atosca, le constructeur et futur exploitant de l’A69, ce sont 65% du budget qui se sont concrétisés soit 300 millions d’euros. Un projet d’envergure, puisqu’au total, le chantier est estimé à 450 millions d’euros. Un chantier majoritairement soutenu par les élus locaux. Car l’objectif initial, c’est de gagner du temps de trajet, entre Toulouse et Castres, mais surtout de désenclaver un territoire rural en redonnant de l’attractivité économique au sud du Tarn.
Arrêt ou poursuite du chantier, quelles sont les tendances?
Mais tout cela pourrait être interrompu ce jeudi donc. Le Tribunal administratif de Toulouse pourrait bien décider de l’annulation de l’arrêté qui avait lancé le chantier. Cela suspendrait automatiquement les travaux, même s’il y a un recours ensuite. La semaine dernière, la rapporteure public s’est prononcée en faveur de l’arrêt des travaux, et ce sont des décisions qui sont souvent suivies. Elle estime que l’A69 ne répond pas à une "raison impérative d’intérêt public majeur". Concrètement, rien ne justifie une dérogation aux textes qui protègent l’environnement.
De quoi Hélène susciter l’espoir des opposants à l’A69. Parce que depuis le début du chantier, des militants écologistes sont vent debout contre la construction de l’autoroute. On les appelle les "écureuils", parce qu’on a vu certains perchés dans les arbres, le long du tracé de l’A69, pour montrer leur opposition au projet.
Ils alertent sur de possibles atteintes aux espèces protégées, à l’eau. Une fronde menée notamment par des collectifs d’activistes, soutenus par des ONG et même des personnalités, Paul Watson par exemple, le célèbre défenseur des baleines.
Pourquoi un arrêt du chantier serait une décision inédite?
Un arrêt du chantier, cela créerait un précédent. Car jamais un projet autoroutier n’a été suspendu par la justice. Ce sont plutôt des choix politiques. Cela a été le cas avec l’abandon du projet d’autoroute entre Lyon et Saint-Etienne en 2018. Alors, il y a bien eu l’annulation, par la justice du barrage de Sivens dans le Tarn. Mais la mort du manifestant Rémi Fraisse avait largement pesé dans la balance. Un arrêt du chantier de l’A69 ferait donc jurisprudence puisque jamais un projet autoroutier n’a été annulé pour des raisons environnementales.
Un arrêt du chantier ne serait pas sans conséquences. D’abord ça coûterait cher, entre le remboursement des frais déjà engagés, les travaux de démantèlement, de reboisement, de sécurisation du chantier, la facture pourrait s’élever à un milliard d’euros.
Et puis, le chantier devra être entièrement réhabilité. Ce qui a été plutôt réussi dans le cas de l’abandon du barrage de Sivens, quasiment revenu "à la normale". Plus difficile dans le cas de l’A69, des platanes centenaires ont été abattus et des terres agricoles coupées en deux. Justement, se pose aussi la question du retour des anciens propriétaires, qui ont dû évacuer la zone, indemnisés pour que le chantier puisse être lancé. Certains voudront peut-être revenir.
Si le chantier est stoppé, les militants écologistes eux, ont une idée. Ils portent un projet alternatif. Ils l’ont baptisé "une autre voie": 87 kilomètres de "véloroute" entre Toulouse et Mazamet. Pas besoin de détruire tout ce qui a été déjà fait donc selon eux, cette véloroute serait entourée d’espaces agricoles bio, de nombreux arbres. Mais ça, c’est seulement si le projet de l’A69 est stoppé.
La justice peut aussi décider de poursuivre le projet, de quoi ouvrir la voie à une nouvelle série de recours.