RMC
Transports

Taxer les sociétés d’autoroutes, un mauvais calcul

placeholder video
Pour Emmanuel Lechypre, taxer les sociétés d’autoroute, comme l’envisage Bruno Le Maire, serait un mauvais calcul.

Selon le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, une nouvelle taxation des sociétés d'autoroutes est étudiée par le gouvernement. Il avait déjà brandi cette menace par rapport aux profits jugés trop élevés des sociétés d’autoroutes. Et c’est possible, dit le Conseil d’Etat, mais à condition que toutes les autres sociétés concessionnaires sont également taxées. C’est le cas de certains aéroports, comme ADP ou les barrages hydroélectriques par exemple. Le gouvernement pourrait ainsi récupérer de 2 à 3 milliards d’euros de recettes d’ici à 2030.

Est-ce que c’est un moyen de faire pression sur les sociétés d’autoroutes pour qu’elles offrent plus de réduction cet été aux automobilistes? Aujourd’hui, c’est vrai que ces sociétés ont annoncé des ristournes, mais très conditionnées. Vinci Autoroutes rajoutera 20% de la somme que vous mettrez sur votre badge télépéage à condition de payer en chèque vacances. Même principe chez APRR et AREA, 25% d’abondement. Chez Sanef, ce sera 50% de réduction aux abonnés au télépéage, mais sur un jour de leur choix durant l’été. Au maximum, ça fait 25 à 50 euros sur l’été, mais sous beaucoup de conditions.

Une hausse pas excessive

Taxer davantage les sociétés d’autoroutes, est-ce une bonne idée? C’est un mauvais calcul financier: pas de surprofits pour les sociétés d’autoroutes, à la différence des pétroliers. Et la hausse 2023 a été limitée à 4,75%, ce qui n’était pas excessif au regard de l’évolution de l’inflation. Une hausse limitée en partie par l’action de l’autorité de régulation des transports.

Et c’est un mauvais calcul climatique. Si les 12.000 km du réseau ne constituent qu’1% de la route en France, ils concentrent 25% des émissions des transports. Le sujet, c’est décarboner l’autoroute: ça représente 60 à 70 milliards d’euros d’investissements. Les taxer plus, c’est pénaliser ces investissements.

Emmanuel Lechypre