Taxis sanitaires: "Faire 30 km en voiture pour une foulure, c'est aberrant", tacle Périco Légasse

Les taxis de nouveau en grève. De nombreux chauffeurs de taxi étaient mobilisés ce lundi un peu partout en France. À Paris, environ 2.000 taxis réunis en plusieurs cortèges ont bloqué les principaux axes, provoquant des perturbations sur les routes et près de 400 km de bouchons à 9h du matin.
La raison de la colère? La réforme des transports sanitaires de l'Assurance maladie. Faute d'accord trouvé avec les fédérations de taxis à l'automne dernier, la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a appliqué une nouvelle convention. Elle augmentera cette année d'environ 3,5% les tarifs des courses pour amener un patient à l'hôpital ou chez le médecin, des trajets remboursés voire directement payés par la Sécurité sociale.
Les transports médicaux coûtent 5,5 milliards d'euros par an à la Sécurité sociale
Or, +3,5%, c'est loin de compenser l'inflation qui s’élève aujourd’hui à environ 5,5%, explique la présidente de la Fédération nationale du taxi. La CNAM pousse également pour le développement du covoiturage médical, un manque à gagner pour les taxis alors qu’aujourd’hui, déjà près de 15% des trajets sont partagés.
Les chauffeurs ont ainsi le sentiment que face à l'augmentation des dépenses de santé, l'Assurance maladie cherche à faire des économies sur leur dos alors que les transports médicaux ont coûté près de 5,5 milliards d'euros à la Sécu en 2022. L'idée est bien de réduire le coût des trajets pour la Sécurité sociale à hauteur de 100 millions d'euros par an entre 2025 et 2027. Et au passage réduire aussi la pollution.
"Beaucoup de taxis expliquent que ça leur permet de survivre, qu'ils n'ont plus que ça, mais qu'ils ne s'enrichissent quand même pas ainsi", explique sur le plateau d'Estelle Midi Périco Légasse, alors que ce système permet d'acheminer vers l'hôpital des patients sans voiture ou en incapacité de conduire pour leur permettre d'honorer leurs rendez-vous médicaux.
Des cas "aberrants"
Le critique gastronomique assure cependant vu des cas "aberrants". "J'ai vu des cas de transports en taxi ambulance aberrants. Pour une torsion de poignet ou un pouce tordu, faire 20-30 km avec une voiture qui vient chercher le patient, c'est aberrant. Il faut regarder au cas par cas et territoire par territoire", estime Périco Légasse, évoquant une éventuelle participation des malades.
"Si tu as besoin d'une ambulance, on fait appel à des ambulanciers. Mais si tu es apte à prendre un taxi, tu es apte à prendre les transports en commun", abonde sur RMC et RMC Story Sébastien, mécanicien à Marseille. "Avant, il y avait les VSL, les véhicules sanitaires légers, ces infirmiers en petite voiture, mais maintenant il n'y a que des services allongés. Il faut revenir aux VSL avec un ambulancier dont c'est le métier", estime-t-il.
"On est en train de crever"
Chauffeur de taxi et présent dans le cortège bordelais, Alain assure qu'il ne transporte pas des patients avec une simple foulure. "On transporte des personnes qui ont des dialyses, qui sortent de chimiothérapie et qui sont incapables de conduire", assure-t-il. "On ne transporte pas quelqu'un qui a une gastro-entérite. On est le service public et moralement on aide beaucoup les patients", ajoute le chauffeur de taxi.
"Avec 30% d'abattement, plus une TVA à 10%, l'inflation et les charges, malgré 80 heures de travail par semaine, on est en train de crever. Le gouvernement veut juste ouvrir le marché aux VTC et à des sociétés comme Uber", alerte Alain.