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"Les communes ont de l’argent pour ça": un maire retire par hélicoptère une croix dans les Hautes-Alpes

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Des randonneurs avaient apposé une nouvelle croix à Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes, à proximité de l'ancienne, en mauvais état. Le maire l'a fait retirer à l'aide d'un hélicoptère, expliquant que cette installation n'avait pas "vocation à remplacer l’ancien calvaire". Les "Grandes Gueules" ont réagi, notamment sur les frais engendrés par une telle démarche.

L’histoire remonte à l’automne dernier. Un groupe de randonneurs expérimentés décide de rénover un calvaire du 19e siècle en mauvais état. À l’aide de deux planches de bois, ils érigent une nouvelle croix sur le sommet, à quelques mètres seulement de l’ancienne, dans un geste qu’ils présentent comme patrimonial et symbolique.

Loi 1905

Mais cette initiative, réalisée sur un terrain communal sans autorisation, ne passe pas inaperçue. Le préfet des Hautes-Alpes rappelle dans un courrier que la pose de toute structure religieuse sur un espace public doit respecter la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Le maire de Montgenèvre, Guy Hermitte, organise alors l’enlèvement de la croix par hélicoptère. Elle est déposée à proximité de l’église Saint-Maurice et pourra être récupérée par ses auteurs si ceux-ci se manifestent, relate La dépêche.

Cette décision a rapidement alimenté les critiques sur les réseaux sociaux. Certains dénoncent une "bêtise sectaire", tandis que les randonneurs regrettent le manque de dialogue : "Cette croix existait déjà, mais elle était fragile. Nous avons voulu préserver l’histoire du site et assurer la pérennité de ce sommet emblématique", explique Christophe Colombani au JDD, soulignant qu’il n’a jamais reçu de réponse à son courrier adressé à la mairie. "Ça coûte au moins plusieurs milliers d’euros ce genre de vol."

"C'est mettre de l'huile sur le feu avec une laïcité qui n'est pas toujours très comprise".
Un hélico pour retirer un calvaire en montagne : délirant ? - 15/10
Un hélico pour retirer un calvaire en montagne : délirant ? - 15/10
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La croix installée sur une "parcelle privée" n’avait pas "vocation à remplacer l’ancien calvaire", puisque les "deux édifices se côtoient à seulement quelques mètres l’un de l’autre", argumente le maire.

"On cherche toujours des explications tordues à quelque chose qui existe depuis 125 ans et qui ne posait problème à personne depuis 10 ans", commente Zohra Bitan au micro des Grandes Gueules. "C’est toujours à essayer de mettre de l’huile sur le feu avec une laïcité qui n'est pas toujours très comprise et vécue comme une attaque [...] Sachant qu’on a des églises partout. Bientôt, elles vont déranger ce pays, on se demande qui d’ailleurs."

Didier Giraud critique de son côté la dépense municipale : "Il aurait pu depuis 10 ans restaurer cette croix. Je trouve ça invraisemblable qu’on dépense un pognon de dingue comme ça."

"Sauvegarde de l'estéthisme"

Pour Charles Consigny, la laïcité invoquée n’est qu’un prétexte: "Manifestement, ce n’est pas ça qui a motivé l’action du conseil municipal. Les deux croix sont très proches l’une de l’autre et font doublon. La croix historique est plus belle que la nouvelle, et il était important de veiller à la sauvegarde de l'estéthisme", fait-il valoir, se disant du côté du conseil municipal.

Bastien, auditeur RMC du Var, revendique les "valeurs chrétiennes" de la France. "Que ça plaise ou non, la France est une terre chrétienne depuis 1 500 ans. Oui, la loi de 1905 existe, mais planter une croix à 2 500 mètres, je ne vois pas en quoi c’est gênant en France." "Je suis rassuré de voir que les communes ont toujours de l'argent", ironise-t-il, en référence à l'utilisation d'un hélicoptère et au contexte budgétaire actuel.

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