Faut-il rationner l’accès à Internet? La Chine et l’Utah serrent la vis pour les jeunes

Et si on rationnait l'accès à Internet? C’est l’idée lancée par l’ancienne ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem. Elle veut réduire notre addiction aux écrans. Un projet qui n’a quasiment aucune chance d’aboutir, mais qui a le mérite de faire réfléchir. Le raisonnement de Najat Vallaud-Belkacem est le suivant. D’abord, Internet fait des ravages. La surexposition aux écrans est un problème. Cela nuit à notre santé, tant sur le plan mental que cognitif. Cela nous rend sédentaire. Les réseaux sociaux sont toxiques, en particulier pour les jeunes filles. La diffusion de la pornographie est un fléau. Et enfin, Internet est une énorme source de pollution tant les réseaux consomment d’énergie. C’est le premier constat. La deuxième, c’est que nous sommes tous accros, Najat Vallaud-Belkacem la première. Et quand on est accro, dit-elle, on est incapable de se poser des limites. D'où sa conclusion: il faut se limiter et pour cela, il faut une contrainte qui ne peut venir que de la loi, donc de l’Etat.
Une loi qui limiterait notre accès quotidien à Internet, avec un quota. Parce que selon Najat Vallaud-Belkacem, si on est limité, alors on cessera de perdre son temps à mettre des commentaires haineux sur les réseaux sociaux ou à consommer de la pornographie en HD. La limitation nous permettrait d'éteindre les écrans et de commencer "à revivre". C’est tout un programme.
Ce quota suggéré par l’ancienne ministre, ce serait 3 Go par semaine. La moyenne de notre consommation sur nos téléphones portables c’est actuellement 3,5 Go par semaine. Ce ne serait donc pas une réduction drastique. Pour le moment en tous cas, puisque l’utilisation d’Internet sur les mobiles ne cesse d’augmenter et devrait atteindre 22 gigas dans quelques années. Ce que propose Najat Vallaud-Belkacem, c’est donc d'arrêter la course en avant et que l’on soit limité un peu en-dessous de la consommation moyenne actuelle.
Le gouvernement est tout à fait contre ce projet. C’est la secrétaire d’état au Numérique Marina Ferrari qui a réagi dès ce lundi, en parlant d’un rationnement autoritaire. Selon elle, c’est la pire manière d'aborder le débat sur notre rapport aux écrans. Elle dénonce une approche de la question manichéenne et hors sol. Cette idée du rationnement d’Internet par la loi ne sera donc certainement pas défendue par le gouvernement.
Pas d'Internet la nuit pour les mineurs en Chine
La Chine a été le premier pays à prendre des mesures de limitation d’Internet. Depuis septembre dernier, les mineurs chinois n’ont plus le droit d’utiliser leur smartphone la nuit, entre 22h et 6h du matin. Et le reste de la journée, le temps de connexion est limité. Pas plus de deux heures par jour pour les 16-17 ans, une heure pour les 8-15 ans, 40 minutes maximum pour les moins de 8 ans. Pour appliquer la mesure, le gouvernement chinois veut imposer aux fabricants de téléphones une fonction pour limiter la durée de connexion et couper l'accès à internet à 22h. Tout cela officiellement pour lutter contre l’addiction des mineurs.
Il y a quelques années, une étude avait révélé que 24 millions d'adolescents chinois étaient accros aux écrans et aux jeux vidéo. La Chine a reconnu la cyberaddiction comme une maladie avant tous les autres pays, dès 2008. 52% des ado chinois sont myopes, un enfant sur deux, en grande partie à cause des écrans.
Mais les Chinois et leur régime autoritaire ne sont pas les seuls à vouloir éloigner les mineurs des écrans. L’Utah, aux Etats-Unis, vient d’adopter une législation qui est entrée en vigueur il y a moins de trois semaines. Elle oblige les réseaux sociaux à vérifier l'âge de ceux qui ouvrent un compte et à exiger un accord parental pour les moins de 18 ans. La loi autorise les mineurs de l’Utah à poursuivre les réseaux sociaux comme Tiktok ou Facebook s’ils pensent être devenus dépendants à cause d’eux. Il y a d'autres pays qui préparent des législations pour protéger les mineurs. En revanche, Najat Vallaud-Belkacem est la première qui envisage de rationner Internet pour les adultes…