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Interdire le porno en ligne aux mineurs: pourquoi c'est un voeu pieux

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Les sites pornographiques devront désormais exiger un document d’identité pour vérifier l’âge des utilisateurs. Une mesure pour protéger les mineurs, mais est-ce vraiment utile?

Si on pouvait empêcher un ado de regarder du porno, ça se saurait. Même si cette mesure part d’une bonne intention, il y a peu de chances pour qu’elle fonctionne. Si les ados ne peuvent plus regarder de films pour adultes sur le web, ils en trouveront ailleurs. Car on n’a pas attendu internet pour diffuser la pornographie.

Internet y a tout de même beaucoup contribué et les chiffres sont inquiétants. En France, selon l’Arcom, 30% des internautes qui consultent des sites pour adultes sont des mineurs. Et alors, ça en surprendra peut-être certains, mais les Français sont parmi les premiers visiteurs de Pornhub, le premier site pour adultes du monde. Juste derrière les Américains et les Anglais. A la troisième place. Donc a priori, y’a pas que les ados qui regardent. Un triste record quand même.

A quand remonte le porno ?

Avant le porno, il y avait l’érotisme. On a des traces d’œuvres érotiques depuis la préhistoire. Une des plus vieilles statues dont on dispose, - 40 000 ans, hé bien elle représente les seins et le sexe d’une femme. On a aussi aussi des céramiques de Mésopotamie qui datent - 2000 avant JC, et qui représentent des actes sexuelles explicites. Sous l’Empire romain, il y avait des représentations sexuelles partout : en graffiti sur les murs, gravées dans la pierre des bâtiments, à la vue de tout le monde. D’ailleurs, le premier roman de la littérature occidentale, ça s’appelle le Satyricon. C’est écrit au Ier siècle de notre ère par l’auteur romain Pétrone, et ça décrit une gigantesque orgie... Bref, ça ne date pas d’hier.

La pornographie comme on la connaît démarre quand ?

Alors il y a un tournant entre l’érotisme et la pornographie, c’est-à-dire sa version trash. Ca se passe au XIXe, avec l’invention de la photographie. Très rapidement, des photos de nu circulent. Mais sous le manteau. Les autorités ne plaisantaient pas avec ça.

Le deuxième tournant, c’est le cinéma. Et alors le premier porno français, c’est très tôt, c’est 1908, et ça s’appelait, attention les yeux : A l’écu d’or ou la bonne auberge. Il faut attendre les années 1960 pour que ça devienne une industrie. Imaginez qu’en 1974, l’année du célèbre film érotique Emmanuelle, on pouvait voir des films pornos dans les cinémas. Les films érotiques représentaient un tiers de la production et réunissaient un quart du public. La fête n’a pas duré. En 1975, on établit la classification X et les films pornos quittent les salles généralistes.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Chevallier remonte le temps : Blocage du porno aux mineurs, un vœu pieux - 14/01
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Une véritable industrie

Si on veut, mais le porno va surtout avoir sa propre industrie avec ses propres réseaux de diffusion. Pour autant, son public n’a pas disparu. Donc vous voyez Apolline, on interdit des choses au nom de la morale, très bien, mais on ne les fait pas disparaître, on fait comme si elles n’existaient pas. S’il y a une offre de porno, c’est qu’il y a une demande. C’est le problème de notre société avant d’être le problème d’internet ou du cinéma.

Arthur Chevallier (édité par J.A.)