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Le premier JT hallucinant d'une chaîne d'info entièrement générée par l'IA

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L'IA n'a plus de limite, avec dernièrement la création d'une chaîne télévisée, Channel 1. Ce sont des informations entièrement pilotées et générées par de l'intelligence artificielle, sans journalistes ni présentateurs.

Une nouvelle chaîne d’informations entièrement générée par l’intelligence artificielle, avec un résultat complètement bluffant. Cette nouvelle chaîne américaine sur internet s’appelle Channel 1, une sorte de BFMTV version IA. Elle vient de publier le pilote de son premier journal télévisé, et c’est proprement hallucinant.

Tout est virtuel. Une présentatrice d’apparence tout à fait normale, comme ce qu’elle dit: tout a été généré par une IA. La vidéo fait 21 minutes en tout.

Un résultat professionnel digne d'un réel JT

Les présentateurs et les chroniqueurs s'enchaînent (sport, business et… tech): ce sont soit des clones virtuels de journalistes réels, soit des avatars purement et simplement générés par une IA. Auxquels on fait lire, "interpréter" si l’on peut dire, un texte écrit par ChatGPT, en allant scanner les informations du jour. La voix est fluide, les mouvements des lèvres complètement naturels.

Les reportages s’enchaînent (des vrais reportages, achetés à des agences), avec des informations politiques, économiques, dde culture, comme dans un vrai journal.

Le résultat est super propre, professionnel. Force est de constater que ça fait le job. Et l’utilisation de l’IA ne s’arrête pas là.

On s’en sert aussi pour réaliser des doublages en direct. Le même présentateur va pouvoir présenter le journal en français ou en bulgare sans que ça ne fasse aucune différence.

Dans les reportages, Xi Jinping parle en anglais ou en français en fonction des pays. L’IA va aussi pouvoir générer des modélisations 3D pour illustrer certains reportages pour lesquels on ne peut pas filmer.

Une prouesse spectaculaire mais le résultat reste assez "froid": quand on regarde la télé, on cherche aussi de la convivialité, de la spontanéité, de l’humain. On n’a pas l’interaction, la convivialité, l’humour, les coups de gueule qu’on peut avoir sur un vrai plateau télé.

Pour l’instant, il n’est pas impossible du tout que dans dix ans, on ait des IA beaucoup plus drôles que nous. D'autant qu'on peut leur donner certains traits de personnalité ou des préférences politiques.

La création de contenu à la demande

On peut lui demander de camper un éditorialiste de gauche ou très libéral par exemple. L’autre avantage de l’IA, c’est que ça va permettre de créer des JT sur mesure, hyper personnalisés en fonction des goûts de chacun. Les actus sur l’équipe de foot que je suis ou les entreprises qui m’intéressent particulièrement, parce que j’en suis actionnaire par exemple. On peut créer du contenu à la demande, 24h/24 et pour un coût dérisoire.

Les créateurs de cette chaîne, une start-up américaine, comptent générer à terme entre 500 et 1.000 extraits vidéos par jour, publiés sur les réseaux sociaux et monétisés avec de la pub. Ce qui est hyper impressionnant, c’est la vitesse à laquelle le résultat s’améliore.

Il y a quelques mois encore, ces présentateurs virtuels avaient un petit air de personnages de jeu vidéo. Réalistes, mais on voyait que ce n’était pas complètement naturel. Mais là, le résultat est incroyable.

Les humains ont encore une place à tenir

On ne licencie pas pour autant tous les journalistes, tous les chroniqueurs, tous les présentateurs. Les humains ont encore une place, mais beaucoup plus réduite. Parce que c’est une chaîne d’info qui se veut sérieuse, ce sont des humains qui vont vérifier les infos. D’autant qu’elles passent par la moulinette de ChatGPT, bien connu pour ses hallucinations.

Et puis, il faudra bien de la matière première: pour ce qui est des reportages, on n’envoie pas encore de robots sur le terrain, donc ce sont là encore des humains (même si cette chaîne utilise en fait les reportages d’agence, comme l’AFP ou Reuters). Pour que ce genre de journal virtuel puisse exister, il faut que les infos réelles dont il s’inspire sortent de quelque part.

On aura toujours besoin de journalistes d’investigation, d’enquêteurs. Mais ceux qui se contentent de reformuler de l’information, beaucoup moins...

Anthony Morel