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Les influenceurs deviennent-ils une menace pour la démocratie?

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Depuis plusieurs jours, il y a une vague d’arrestations d’influenceurs algériens sur notre territoire. Et pour l’écrivain Arthur Chevallier, les influenceurs sont devenus une menace pour la démocratie.

Influenceur, c’est un métier qui a dégénéré. Maintenant, ce sont des arnaqueurs ou des criminels, parfois les deux. Alors qu’à l’origine, y compris, il y a très longtemps, c’était quelque chose de plutôt sympathique. Mais les réseaux sociaux leur ont donné une puissance délirante et un pouvoir incontrôlable.

Les influenceurs ne sont pas nés avec les réseaux sociaux, ça a toujours existé. C’est d’ailleurs né en même temps que la démocratie. À Athènes, les premiers influenceurs, c’était ce qu’on appelle des sophistes. C’étaient des personnes qui parlaient en public avec beaucoup de charisme, de conviction, au milieu de plein de gens.

Leur discours, c’était un mélange de mauvaise foi et de fake news. Et ça marchait. Comme aujourd’hui, ils étaient suivis par des communautés très fidèles. Et comme aujourd’hui, ils déstabilisaient le pouvoir et la société en ayant une influence et en racontant n’importe quoi.

Les influenceurs existent depuis la nuit des temps

Un influenceur, c’est donc quelqu’un qui a un pouvoir sur l’opinion. Sous l’empire romain par exemple, les influenceurs se faisaient entendre grâce aux graffitis sur les murs de la ville. On en a encore des traces aujourd’hui, comme dans la ville de Pompéi. C’étaient souvent des messages très courts qui disaient du bien ou du mal de tel ou tel politicien. Qui dénonçait une chose qui leur paraissait juste ou injuste. Ça faisait partie du débat public.

Et ce n'était pas que de la politique. Plus tard, des influenceuses se faisaient remarquer par leur style. Au XVIIIe siècle, la reine Marie-Antoinette est célèbre à cause de ses habits et ses coiffures excentriques. Elle va avoir une influence sur la féminité. C’est une véritable influenceuse.

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Chevallier remonte le temps : Les influenceurs, nés bien avant les réseaux sociaux - 07/01
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Et sous la Révolution française, des journaux starifient déjà des célébrités parisiennes. Des femmes connues parce qu’elles sont belles, bien habillés, qu’elles sortent dans les bons endroits. Elles avaient même un nom, ces premières influenceuses, on les appelait les Merveilleuses. Bref, on pouvait déjà être admiré sans avoir de talent. Juste parce qu’on incarnait un truc un peu cool.

Donc ça vient de très loin. Avant que les réseaux sociaux n’existent, le premier média des influenceurs, c’était la presse. Au XIXe siècle et au XXe siècle, les journaux avaient une influence énorme sur l’opinion. Les influenceurs, ça va avec la liberté d’expression.

Le problème, ce n'est pas que ça existe, c’est que l’endroit où ils s’expriment ne soit pas contrôlé. Les réseaux sociaux sont le reflet de ce que la société renferme de pire, la bêtise et la violence. Ainsi, que perdrait-on à en interdire certains?

Arthur Chevallier