"On se sent délaissés": la fracture subsiste dans l'accès au très haut débit

2013. La France découvre la fibre optique. En un an, près d'un demi-million d'abonnés optent pour cette nouvelle technologie qui permet d'avoir un très haut débit à son domicile (soit un débit supérieur à 30 Mbit/s). Le 28 février 2013, le gouvernement adopte le "Plan France Très Haut Débit". Son objectif est – initialement - de couvrir l'intégralité du territoire français en très haut débit d'ici 2022.
Dix ans plus tard, un an après l'échéance initiale – qui a été repoussée à 2025 et même 2030 dans certains territoires -, la fracture numérique subsiste, notamment dans les villes de moins de 1.000 habitants. Dans ces communes moins peuplées, la proportion d'habitants privés du très haut débit atteint 32,6 %, soit huit fois plus que dans les villes de 100.000 habitants selon UFC-Que Choisir. D'après l'association de consommateurs, 11,8 millions de foyers français n'avaient toujours pas accès à un "véritable très haut débit" à la fin de l'année 2022.
Le Finistère mauvais élève
Ces disparités d'accès à la fibre sont aussi territoriales. Dans un département comme le Finistère, près d'un habitant sur deux est privé de très haut débit. C'est le cas dans la ville de Plabennec et ses 8.500 habitants, à 20 minutes de route de Brest. La quinzième ville du département n'est couverte par la fibre optique qu'entre 10 et 25% selon les derniers chiffres de l'Arcep, principalement dans le nord de la commune.
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Dans les autres quartiers, sur place, les habitants attendent. Sauf que les débits ne suffisent plus pour les usages actuels de certaines familles. "Avec un système d'alarme avec une caméra, je suis obligé de couper les caméras pour regarder la télévision le soir, car ça tire trop sur la connexion", explique Yannick. Lui et sa famille attendent depuis 2015 que son offre internet puisse s'étoffer, mais il ne sait pas quand il sera raccordé.
"On se sent délaissés. Quand on demande des informations, à la mairie, aux opérateurs, on nous dit 'ça doit arriver bientôt, il faut être patients'.", explique-t-il.
Même faire ses comptes sur internet devient un parcours du combattant: "Au niveau chargement, ça rame. Il faut attendre deux ou trois minutes pour avoir ma page. J'ai mis un appareil pour augmenter la puissance, mais ce n'est pas terrible", raconte Jean-Luc, un autre habitant de Plabennec. De son côté, la mairie assure "ne pas avoir la main sur le calendrier" mais promet un déploiement dans le courant de l'année.