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Pourquoi Guillaume Kasbarian veut doper l’administration française à l’intelligence artificielle

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Pour Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique, l’intelligence artificielle doit aider à améliorer l’efficacité du travail administratif.

Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, veut doper l’administration française à l’intelligence artificielle. Il est aussi ministre de la Simplification, c’est lié. Changer la Fonction publique avec l’IA, dépoussiérer, et faire des économies aussi, il faut bien le dire. Il s’exprimait dans une conférence aux Rencontres de l’Avenir de Saint-Raphaël. Le ministre parle de "débureaucratisation à tous les étages", "pour améliorer la qualité de vie des agents".

Concrètement, pour la police, la justice, l’hôpital, il s’agirait de faciliter la prise de dépôts de plaintes par les forces de l’ordre avec une IA qui retranscrirait les témoignages, de résumer de gros dossiers judiciaires en quelques minutes, ou encore de faciliter le partage de dossiers médicaux. Il faut dire que les hôpitaux se passent encore des dossiers… par fax! Et apparemment, c’est une bonne chose. Le fax a une valeur juridique. Il est encore utilisé à l’hôpital donc, mais aussi dans le juridique, la finance, l’immobilier… Aucun piratage n’est possible, sa confidentialité est éprouvée. Ce qui présente des garanties de sécurité. L’enjeu de sécurité qui se pose si souvent avec le numérique aujourd’hui.

Au printemps dernier, Gabriel Attal promettait déjà cette simplification par l’IA. L’objectif est inchangé: permettre aux agents publics de se décharger. Comment? Avec des outils de type ChatGPT. Si vous cherchez un prénom pour un bébé, évitez Albert et Aristote, car dans les prochaines années, vous allez beaucoup les entendre. Albert est un chatbot, un simulateur de conversation testé dans les maisons France Service. Les agents écrivent à Albert, qui les aide dans leurs recherches. Quand un usager pose une question, on gagne du temps. Dans l’enseignement supérieur, Aristote génère des évaluations pour les élèves à partir de leurs cours.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : L'IA peut-elle sauver la fonction publique ? - 12/11
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"Remettre de l’humain"

Donc l’intelligence artificielle est déjà là. Elle est balbutiante, mais bien là. Aide à la recherche, rédaction de synthèse, productivité… Moins de paperasse, promettait Gabriel Attal. A la rentrée, les bourses pour collégiens et lycéens ont été versées automatiquement aux familles éligibles, sans remplir de dossier. Du côté des impôts, l’IA a permis de détecter des fraudes et de récupérer 40 millions d’euros. L’URSSAF, la CNAM, la CNAV: tout le monde s’y met déjà. On s’en sert pour des projets environnementaux aussi, où il faut manipuler de nombreux paramètres.

On est encore dans l’expérimental, mais on peut par exemple détecter plus rapidement les feux de forêts par drones grâce à l’IA, mieux gérer les ressources humaines de la Fonction publique, proposer un sous-titrage automatique de cours magistraux à l’université… En juillet, Les Echos citaient une dame qui travaille dans une Caisse de retraites en Normandie: "Je me suis amusée à me chronométrer: avant l'IA, je mettais de 7 à 10 minutes pour rédiger une réponse, contre de 3 à 4 minutes aujourd'hui".

Attention, ça démarre bien, mais le Comité économique et social européen alertait il y a dix jours sur l’IA dans les services publics. En automatisant les processus répétitifs, les algorithmes peuvent conduire à des biais de type discrimination automatique. Il faut de l’humain pour arbitrer. Remettre de l’humain derrière la machine, c’est contre-intuitif. Mais le mot "humain" revient à toutes les phrases. "L'objectif est bien de remettre de l'humain au cœur de nos services publics", disait Gabriel Attal. Des agents pour le relationnel, pour le face à face… et l’IA pour les tâches rébarbatives et chronophages.

Le ministre Guillaume Kasbarian disait ce week-end: "Il faut toujours garder la décision humaine". L’IA fait le boulot, un agent humain le valide. A charge du ministre aussi de rassurer les 13 millions de Français éloignés du numérique qu’on va renvoyer systématiquement vers des robots.

Matthieu Belliard