Sora, une IA qui permet de générer des vidéos à la demande, désormais accessible en France

L'outil s'appelle Sora, et les résultats sont impressionnants. Concrètement, il suffit d'entrer une requête sous forme de mots: par exemple, “une famille de dinosaures sème la terreur dans Paris”. Et quelques secondes plus tard, on obtient une vidéo hyperréaliste d’une vingtaine de secondes maximum. On peut lui donner des indications comme “plan large”, “plan serré”, “traveling”, “remplace les dinosaures par des mammouths”…
N’importe qui peut ainsi se transformer en réalisateur. Sora offre aussi un outil de storyboard. Vous avez une idée de film, vous allez décrire chaque plan, chaque séquence dans une case séparée, comme le ferait un réalisateur de film. Et l’IA va vous générer un film qui correspond exactement à votre demande. On peut aussi lui “donner à manger”, une photo de notre personnage principal par exemple, qu’il va animer lui-même.
Mais aussi faire du montage, demander à l’IA d’ajouter ou de supprimer des éléments dans la vidéo. Bref, l’outil est impressionnant, même si tout n’est pas parfait. Certains effets physiques sont irréalistes ou incohérents, un objet va apparaître ou disparaître de manière illogique ou certains mouvements ne vont pas respecter la gravité. Ou un personnage va changer de vêtements d’un plan à un autre.
Des erreurs de jeunesse, mais globalement le résultat est très convaincant. Imaginez le potentiel: demain, vous prendrez votre série ou votre film préférés. La fin ne vous plaît pas, où vous êtes frustré que ce soit terminé… vous pourrez demander une fin alternative.
On entre dans l’ère de l’hyper personnalisation: des films et des séries à la demande. Est-ce que demain, Netflix ou Disney nous feront payer un abonnement qui nous laissera nous amuser avec les personnages de notre choix, comme “crée toi-même ton film ou ta série”? Il faut toutefois disposer d’un abonnement ChatGPT payant pour avoir accès à l’outil.
"Un outil formidable"
Ce week-end, c'était la cérémonie des Oscars et peut-être que les prochaines éditions seront remportées par des films générés par l'IA. La Motion picture Academy, qui gère les Oscars, réfléchirait pour 2026 à obliger les réalisateurs à mentionner explicitement l’utilisation de l’IA. Comme le “fait maison” pour les restaurants, il faudrait préciser si l’œuvre a été à 100% réalisée par un humain ou si elle a fait appel à l’IA.
Après s’être pincée le nez, l’industrie du cinéma commence à assumer utiliser ces IA génératives de vidéos, comme LionsGate, qui a annoncé un partenariat avec Runway, concurrent de Sora: “Nous considérons l'IA comme un outil formidable pour augmenter, améliorer et compléter nos opérations actuelles”.
On peut également citer l’acteur Ashton Kutcher: “pourquoi on s’embêterait à filmer les plans de l’extérieur d’une maison quand on peut juste créer la même chose pour quelques dollars. Demain, au lieu de regarder un film que quelqu’un a réalisé, je pourrai juste générer et regarder mon propre film”. Il a été vivement accusé par ses collègues de s’allier à l’ennemi. Mais il est probablement dans le vrai.
Deepfakes
Mais on parle souvent de deepfake et des risques que ça fait peser, y compris en termes de manipulation démocratique. Quid de cette application? Ce weekend, des deepfakes où on voit Donald Trump et Volodymyr Zelensky se battre littéralement dans le bureau ovale ont circulé. On a vraiment l’impression que c’est la continuation de leur échange verbal musclé. Évidemment, ces vidéos sont fausses, mais le résultat est quand même impressionnant.
Elles n’ont pas été générées par Sora, qui est programmé pour refuser de faire apparaître dans les vidéos des personnalités publiques, des mineurs ou des éléments qui sont soumis aux droits d’auteurs. Mais par un outil du même type et beaucoup plus débridé, ça montre bien le potentiel dingue de ces IA vidéos, qui ne va pas empêcher de générer des fausses vidéos historiques ou d’actualité plus vraies que nature. Une fois que la fausse vidéo est diffusée sur les réseaux sociaux, c’est déjà trop tard.