Pourquoi mange-t-on du pop-corn au cinéma et pourquoi coûte-t-il si cher?

Ce dimanche 19 janvier, nous célébrons la journée internationale du pop-corn. Aujourd'hui, cette confiserie de maïs éclaté sucré ou salé se consomme essentiellement dans les salles de cinéma.
D'où vient cette tradition? Pourquoi est-elle toujours plus populaire? Et comment expliquer que le prix du pop-corn au cinéma soit aussi élevé? RMC Conso répond à toutes les questions que vous vous posez sur ce petit plaisir des salles obscures.
En France, la tradition est relativement récente puisque c'est en 1991 que les premiers cornets de pop-corn sont commercialisés, dans le cinéma Gaumont de Dijon. L'année d'après, la confiserie envahit les cinémas UGC.
1 Français sur 3 mange du pop-corn au cinéma
Depuis trente ans, le succès du pop-corn ne s'essouffle pas. On estime que plus d'un spectateur de cinéma sur trois en consomme.
"Sur les 200 millions de spectateurs annuels, à peu près 80 millions achètent du pop-corn," calcule pour RMC Conso Patrice Benoit, dirigeant de l'entreprise Benoit ciné distribution, qui fournit environ 80% des salles de cinéma en France. Chaque jour, 300.000 litres de pop-corn sortent de son usine pour fournir les cinémas.
Mais à l'origine, la tradition du pop-corn au cinéma n'a rien de tricolore. Elle nous vient en fait des États-Unis, où, dès la fin des années 1920 et l'arrivée du son sur grand écran, le cinéma devient un loisir de plus en plus populaire.
En pleine crise financière, l'idée d'une entrepreneuse du Missouri d'installer des stands de pop-corn dans les halls des cinémas fait mouche. Le pop-corn devient ainsi une manne financière importante pour les distributeurs de films et continue de l'être, aujourd'hui, aussi bien outre-Atlantique que chez nous.
3 à 6 euros le petit cornet
Car le pop-corn coûte cher. Les petits cornets se vendent entre 3 et 6 euros, avec des disparités importantes selon les cinémas et les régions. Dans la grande distribution, les paquets à faire éclater au micro-ondes ou les sachets de pop-corn prêts à consommer sont vendus deux à trois fois moins cher.
"La grande distribution vend du pop-corn éclaté à sec puis enrobé. Nous, on le fait mariner dans le sucre, c'est meilleur et ce n'est pas le même procédé de fabrication, cela nous coûte plus cher," justifie à ce sujet Patrice Benoit.
"J'utilise du maïs 100% français, de l'huile de tournesol bio française, et du sucre français quand c'est possible. Et je n'ajoute rien de plus."
Sur les étiquettes du pop-corn vendu en supermarché, on repère la présence d'huile de palme, une huile moins chère mais controversée pour ses effets néfastes sur la santé et pour la planète, ainsi que, parfois, des additifs, des émulsifiants comme les mono- et diglycérides d'acides gras, accusés de favoriser les maladies intestinales.
Mais cette différence de qualité n'est probablement pas la seule explication. Le pop-corn et les confiseries plus généralement sont des recettes indispensables pour les cinémas.
Une part importante du chiffre d'affaires
Le sujet avait notamment été mis en lumière début 2022, en pleine crise du Covid, lorsque le gouvernement avait décrété l'interdiction de la consommation de confiseries dans les salles de cinéma par précaution sanitaire. Les patrons de cinéma s'étaient insurgés, arguant que la vente de confiseries représentait entre 10 et 20% de leur chiffre d'affaires.
La marge est en revanche difficile à estimer. Lorsqu'on demande à Patrice Benoit à quel tarif il vend son pop-corn aux professionnels, il sourit:
"Je peux pas vous dire... Ça ne se fait pas..."
"Ce que je peux vous dire, c'est que le pop-corn, ce n'est pas une vache à traire. Les cinémas ne gagnent pas plus en vendant du pop-corn qu'en vendant des M&M's. D'ailleurs, c'est plutôt le rayon bonbons en vrac qui rapporte le plus, en réalité."
Selon un rapport de 2016 de Pierre-Alexandre Kopp, avocat et professseur agrégé d'économie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, la marge réalisée sur les confiseries est de l'ordre de 30%. Mais neuf ans plus tard, elle pourrait avoir fortement grimpé.
Jacques Font, patron d'un cinéma de Perpignan interrogé il y a quelques mois par nos confrère du Midi Libre, l'évalue plutôt à 70%. Sachant que les disparités entre les cinémas indépendants et les mastodontes que sont UGC et Pathé peuvent être importantes. Ces derniers n'ont jamais répondu aux médias sur la question.
Nourriture extérieure souvent interdite
Une autre hypothèse du prix élevé du pop-corn et des autres confiseries au cinéma tient à l'absence de concurrence. La nourriture consommée au cinéma est achetée sur place. Même s'il n'existe aucune loi l'imposant, la plupart des cinémas s'en assurent en écrivant cette règle dans leurs conditions générales ou leur charte du spectateur.
"Seules les boissons et nourritures achetées au sein de nos cinémas peuvent être consommées dans nos salles," indique ainsi le groupe UGC dans sa charte. Même son de cloche chez CGR.
La consigne est plus floue chez Pathé, qui ne précise que l'interdiction de nourriture chaude au sein des salles. Vous pouvez donc tenter d'y apporter votre propre snack. Mais l'expérience sera-t-elle la même?
"On aime manger du pop-corn au cinéma parce que c'est un moment de partage. Une séance de cinéma se garde en mémoire. On se souvient du film, et de la personne avec qui on l'a vu et avec qui on a mangé un bon cornet de pop-corn, qui a l'avantage de se consommer lentement, de durer longtemps. Le pop-corn de supermarché n'est pas bon de toute façon," affirme Patrice Benoit.
Alors, si la prochaine fois que vous achetez un cornet de pop-corn au cinéma, la douloureuse a du mal à passer, pensez à cela, ou bien au fait que le maïs que vous consommez provient de cultures françaises faisant vivre tout un village.
Ce maïs, produit exclusivement pour le pop-corn grâce à ses facultés à éclater dans une forme ronde quasi-parfaite, vient en effet à 95% d'une seule entreprise, installée dans le Gers depuis une trentaine d'années, et qui a permis à elle seule de redynamiser Bézéril, une commune de 130 habitants.