Vous ne le savez pas mais vous avez beaucoup trop de vêtements dans votre penderie

Des vêtements présentés dans une boutique d'habillement (photo d'illustration). - Pixabay
175: c'est le nombre de vêtements que possède en moyenne un Français dans son placard, comme le révèle une récente étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et de l'Observatoire Société & Consommation (ObSoCo).
Combien achetez-vous de nouvelles pièces chaque année? Dans quelles enseignes? Et quelle est la place de la seconde main dans vos achats? RMC Conso vous dresse les principaux chiffres de cette étude.
50% de vêtements dormants
Chaque année, vous achetez en moyenne 13 nouveaux vêtements hors accessoires, sous-vêtements et mode enfant. Soit plus d'un par mois.
Et pour cause, vous avez tendance à sous-estimer le nombre de pièces que vous possédez déjà. Les Français pensent avoir 79 vêtements dans leur penderie, alors qu'ils en ont en réalité 175 pièces, soit près de deux fois plus.
Dans le détail, vous possédez en moyenne 18 t-shirts et polos, 11 hauts, 11 pantalons ou encore 6 manteaux.
Mais comment expliquer ce décalage? Plus de 50% des vêtements restent dans vos placards sans être utilisés.
"À l'échelle nationale, ce stock dormant représenterait 120 millions de vêtements achetés il y a plus de trois mois, et encore à l'état neuf (ou porté moins de deux fois)", pointe l'étude.
Un stock qui est parfois invisibilisé si vous effectuez une rotation entre les vêtements d'hiver et ceux d'été.
Comme l'explique dans une vidéo Marie Quéru, influenceuse spécialisée dans l'écologie d'intérieur, et citée par Notre Temps, en séparant notre dressing selon les saisons, nous oublions ce que nous possédons et sommes tentés de racheter des pièces. Pourtant, seulement 19% des Français reconnaissent que leurs achats sont excessifs:
"Le shopping continue d'être décrit comme relevant d'un besoin primaire, qui va bien au-delà de la seule fonction de se vêtir: sociabilité, voire intégration, identité, bien-être...", est-il détaillé.
L'importance de la fast et de l'ultra fast fashion
Où est-ce que vous achetez vos vêtements? 45% des Français s'habillent dans des enseignes de fast fashion. H&M, Zara et Primark étant les plus fréquentées.
56% d'entre vous préfèrent faire leurs achats de vêtements directement en boutiques, que ce soit pour les consommateurs les plus âgés, mais aussi les plus jeunes. Alors qu'on pourrait les supposer beaucoup plus jeunes, les clients de la fast-fashion ont 43 ans en moyenne.
C'est l'inverse pour les marques d'ultra fast fashion (Shein, Tému, Asos...), plébiscitées par 24% des Français et qui touchent surtout les jeunes consommateurs. La moyenne d'âge est, cependant, de 38 ans en moyenne. En revanche, les plus de 55 ans sont quasi inexistants au sein de leur clientèle.
"Ils sont deux fois plus nombreux que la moyenne du panel à expliquer qu'ils peuvent ainsi 'acheter beaucoup de vêtements, et les renouveler souvent'", souligne l'étude.
Des modèles dont les conséquences sociales, environnementales et sanitaires ne sont plus à prouver.
Les limites de la seconde main
Juste derrière les enseignes de fast-fashion, il y a tout de même 42% des Français qui achètent sur des plateformes de seconde main, notamment sur Vinted qui capte 90% des consommateurs de l'occasion.
D'après l'étude, "ils voient ces sites comme une opportunité de faire de 'bonnes affaires', en complément du neuf, davantage que comme une solution écologique".
Plusieurs limites sont cependant pointées du doigt. D'abord, la seconde main représente une part minoritaire dans le budget habillement (30% du budget total) pour une moyenne de 115 euros par an et par personne.
Ensuite, 30% des personnes qui vendent des habits sur ces plateformes réinjectent leurs gains dans l'achat de nouveaux vêtements. La majorité des produits vendus sur ce type de plateforme sont également très peu portés. Par exemple, 55% ont été portées moins de cinq fois. La logique de l'occasion a donc été complètement détournée.
Autre travers: les consommateurs de seconde main jettent moins de vêtements puisqu'ils les vendent, mais ils les donnent aussi moins aux points de collecte et autres ressourceries.
L'éco-score, un espoir?
Comme l'affirment l'Ademe et l'ObSoCo, cette étude n'a pas pour objectif de culpabiliser les consommateurs, mais de leur donner les clés pour faire un choix éclairé en boutique et sur les sites de vente en ligne.
À ce sujet, l'éco-score, le "nutri-score des vêtements", va être mis en place dès l'automne 2025. Grâce à une note de 0 à l'infini, il indiquera l'impact environnemental du vêtement grâce à une vingtaine de critères (émissions de CO2, consommation d'eau, toxicité, durabilité etc.).
La principale limite de cet éco-score est néanmoins sa lisibilité difficile. Il faudra que les consommateurs soient informés et éduqués pour comprendre ce que signifie une note de 500 ou de 1.000 sur un vêtement. Deuxième limite, l'aspect facultatif de l'éco-score, qui ne sera dans un premier temps pas imposé aux marques.
Finalement, comme le dénonce l'UFC-Que Choisir, la tendance de consommation dans le secteur du textile est très nette. Celle-ci parle d'une "fièvre acheteuse trop répandue et qui transparaît dans les données globales". 3,2 milliards de vêtements ont été mis sur le marché en France en 2023 contre 2,3 milliards en 2010.
Méthodologie de l'étude: échantillon représentatif de la population de 16 à 75 ans (4.000 personnes) interrogé en avril 2024 par l’ObSoCo pour le compte de l’Ademe sur leurs habitudes de consommation (nombre de vêtements, fréquence d'utilisation...) et réalisation de visites à domicile des personnes sondées.