Covid-19: "Les aînés ont le devoir de montrer le chemin en se faisant vacciner", appelle l'épidémiologiste Martin Blachier

DOCUMENT RMC - Le professeur Frédéric Adnet et le médecin épidémiologiste Martin Blachier estiment que l'opinion sur le vaccin va changer pendant la campagne de vaccination, alors que les Français sont les plus sceptiques face au sérum.
Dimanche au sein de l'unité de soins de longue durée de l'hôpital René-Muret de Sevran, en Seine-Saint-Denis, Mauricette, 78 ans, a donné le coup d’envoi de la campagne de vaccination contre le Covid-19 en devenant la première française à être vaccinée. La campagne gouvernementale de vaccination va viser dans un premier temps les pensionnaires des Ehpad, le personnel soignant et les personnes à risques.
"Les vaccinés vont très bien. Tous les patients sont surveillés pendant trois semaines jusqu’à la seconde dose", assure ce lundi sur RMC le professeur Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny. Il évoque une surveillance "un peu plus organisée", en raison du nouveau type de vaccin utilisé et du peu de recul. C’est justement d’ailleurs pour ces raisons que plus de la moitié des Français assurent qu'ils ne se feront pas vacciner selon une enquête de BVA réalisée dans 32 pays et publiée dimanche dans le JDD.
Un scepticisme qui n’inquiète pourtant pas le professeur Frédéric Adnet : "Aux Etats-Unis il a y un retournement de situation sur les vaccins. La population a compris que le vaccin était efficace et sans effet secondaire. La population française va retourner son opinion et dans quelques mois cela va crier parce qu’il n’y a pas assez de vaccin", prédit-il optimiste.
"J'ai peur qu'on ne soit pas prêts"
Pour le médecin épidémiologiste Martin Blachier, "les aînés ont le devoir de se faire vacciner". Car "c’est pour eux que la société est bloquée", et qu'en refusant le vaccin, ils maintiendraient le pays bloqué, juge-t-il, avant de plaider pour une sorte de passeport sanitaire:
"En mars, avril il y aura des tensions et on se posera la question de rouvrir pour ceux qui sont vaccinés. Et il faudra savoir qui s’est fait vacciner", précise Martin Blachier assurant que si seulement plus de 50% des plus de 65 ans seulement étaient vaccinés, "cela ne servirait à rien". Mais pas de panique, comme le professeur Adnet, il pense que le vaccin va finir par susciter un engouement.
En revanche, il craint que la stratégie du gouvernement ne fonctionne pas: "J'ai peur qu'on ne soit pas prêts. Le gouvernement a parié sur la médecine libérale mais il peut y avoir des 'gags'", alors que certains aides-soignants appellent déjà à ne pas vacciner dénonçant la rémunération trop faible de l'Etat. "On a au moins 50% de chance de se planter. Il fallait quelque chose d'organisé", déplore-t-il.
"Les gens peuvent refuser de vacciner et les médecins peuvent finir par être débordés. Il faut au moins un plan B avec une vaccination organisée", prévient Martin Blachier.
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