Le projet d'une ferme de 120.000 poulets divise: "Quand on est sept milliards sur Terre, on ne mange pas de viande tous les jours!"
C'est un projet au moins aussi ambitieux que celui des 1000 vaches. Et tout aussi controversé. La préfecture du Nord vient d'autoriser un projet de ferme intensive de 120.000 poulets à Steenweerk près de Lille, malgré deux avis négatifs d'une commissaire enquêtrice indépendante. La ferme se composerait de deux bâtiments de 2.800 mètres carrés chacun pour 120.000 poulets donc, soit 21 gallinacés par mètre carré. De quoi faire frémir les défenseurs de la cause animale mais aussi les riverains et le maire de la commune qui s'opposent au projet craignant la destruction à venir de leur qualité de vie et des nuisances environnementales. Mais pour la préfecture, la réglementation française qui autorise jusqu'à 22 poulets par mètre carré est respectée, et rien ne s'oppose donc au projet.
"C'est dégueulasse ce qui sort de ce genre de truc", déplore l'agriculteur et éleveur de bovins des "Grandes Gueules" Didier Giraud avant de nuancer son propos:
"Tous les énervés qui gueulent contre ce projet, il n'y en a pas un qui veut que la cantine de leur gosse se défasse du nuggets à 30 centimes mais on ne veut pas de ces poulets. Il y a un choix à faire: soit on tolère ce genre de truc, soit on importe du poulet du Brésil où les ateliers de production moyens regroupent 4 millions de poulets sur un même site. Du coup ce projet me paraît à taille humaine", défend l'agriculteur.
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"Aujourd'hui les agriculteurs ne voient même plus leurs animaux"
"Il faut éduquer ses enfants et ne plus les faire bouffer de la viande transformée", déplore de son côté Barbara Lefebvre avec le même vocabulaire tout en plaidant la cause animale: "Aujourd'hui les agriculteurs ne voient même plus leurs animaux. Et nous-même on ne les voit plus. Les enfants sont obligés d'aller au salon de l'agriculture pour en voir. Si on veut véritablement retrouver notre part d'humanité, il faut arrêter de manger ça!".
"Il faut manger différemment. On peut manger sainement en ne mangeant de la viande qu'une fois par semaine. Quand on est 7 milliards sur terre on ne mange pas de la viande tous les jours", plaide l'enseignante.
Un avis partagé par Adèle, éleveuse de volailles bio et auditrice de RMC: "Tant qu'on fera bouffer de la merde dans les cantines et dans les Ehpad, il ne faudra pas s'étonner que les poulets soient en surnombre dans les élevages".
Mais ce n'est pas pour aujourd'hui. Alors que tous les sondages montrent que les Français sont massivement opposés à l'élevage intensif, aucun projet de loi pour limiter ce type d'élevage n'est en projet.