"Pendant deux ans, j'ai écrit dans Charlie Hebdo sans le dire à personne tellement j’avais peur": le témoignage poignant de Gilles Raveaud sur RMC
Toute la France a été sous le choc, il y a cinq ans, lors des attentats contre le magazine Charlie Hebdo. Deux terroristes islamistes, les frères Kouachi avait pénétré dans la rédaction et avait tué de sang-froid douze personnes et blessés onze autres.
Alors que s’ouvre ce mardi le procès de l’attentat, le pays reste marqué par cet épisode dramatique qui a remis au centre des débats la liberté d’expression. Mais pour certain, ce sont des personnes qu’ils connaissaient qu’ils sont morts. C’est notamment le cas de Gilles Raveaud, professeur d’économie et "Grande Gueule" de RMC. Il est aussi un collaborateur de "Charlie Hebdo". Il affirme avoir été, lorsqu’il était étudiant, nourri par les idées de Bernard Maris, tué dans l’attentat.
“C’est quelqu’un qui m’a suivi toute ma vie. Et j’ai eu ce coup de fil incroyable en janvier 2015, au moment où on était tous dans la terreur. ll y a Riss, que je ne connaissais pas, j’avais juste rencontré Charb', qui m’appelle depuis son lit d’hôpital et qui m’a dit avec toute la tendresse dont il est capable : ‘Allo, c’est Riss, on voudrait que tu reprennes la chronique de Bernard, est-ce que tu es d’accord?’”, explique-t-il.
"J'avais peur"
Une proposition qu’il a acceptée malgré la peur qui l’habitait. En effet, pendant deux ans, il a écrit pour le journal satirique, mais sous pseudo.
“Pendant deux ans, j’ai écrit dans ce journal et personne ne le savait, même pas mes parents, tellement j’avais peur. Il faut essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. Là on est tous autour d’une table ça ressemble un peu aux conférences de Charlie. Et il y a deux mecs qui entrent et qui butent tout le monde. Et il n’y a qu’un seul survivant. Et donc des gens avec qui vous travaillez depuis 20 ou 30 ans, qui ont été centraux dans votre vie, ils sont tous morts. Et ça, c’est la vie de Riss aujourd’hui”, explique l’économiste.
Il précise d’ailleurs que depuis cet attentat, celui qui est aujourd’hui directeur de la publication du magazine vit sous cloche. “Il est cent fois mois libre de ses mouvements que le président de la République. Le journal est dans un lieu secret, lourdement gardé avec des armes de guerre. C’est une situation complètement folle et pourtant, c’est la situation de Charlie”, indique-t-il.
Le procès qui concerne aussi les attentats de l’Hyper Cacher et de Montrouge doit durer au moins jusqu’au 10 novembre.