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Centre de rétention pour étrangers: Atef, sans papier, a passé "45 jours en enfer"

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Le projet de loi asile-immigration est actuellement discuté en Commission des Lois à l'Assemblée. L'une des mesures phares du texte: l'allongement de la durée de rétention des étrangers en situation irrégulière en attente de leur expulsion. Atef, tunisien sans-papiers s'est confié au micro de RMC.

C'est l'une des mesures phares du texte de de loi asile-immigration: l'allongement de la durée de rétention des étrangers en situation irrégulière en attente de leur expulsion. Aujourd'hui elle est de 45 jours. Le texte prévoit de doubler cette période. Mardi soir, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est dit prêt à assouplir cette mesure, et a promis d'étudier les propositions des députés avant l'examen du projet de loi dans l'hémicyle le 16 avril.

Les conditions de rétention, le traitement des personnes en situation irrégulières dans les centres de rétention français sont aujourd'hui largement décriées par les associations. RMC a ainsi pu rencontrer Atef, sans-papier tunisien. Une véritable "prison pour sans papiers" selon lui. 

Le jeune homme a passé 45 jours derrière les barbelés du centre de rétention du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, à seulement quelques mètres de la piste de décollage de l'aéroport Charles-de-Gaulle. "J'ai passé 45 jours en enfer" confie-t-il.

"Une bombe à retardement"

"Il y a forcément plus de monde que de places, donc les gens dorment par terre. La moisissure dans les douches, la rouille... Il y a des gens qui viennent avec la gale, des morpions. Franchement, c'est dégueulasse" Surpopulation, insalubrité, le Tunisien décrit des conditions de rétention délétères. Mais le pire, selon lui, c'est la pression psychologique. "Il y a des gens qui se font expulser tous les jours. Tu le vois et tu ne sais pas quand ton tour viendra. Tu es face à ton pire cauchemar" lâche-t-il.

Le rallongement de la durée de rétention pour atteindre les 90 jours inquiète Atef qui parle d'une "bombe à retardement". "La haine envers le policier, celle envers la France, elles augmentent. C'est hyper dangereux".

Atef est soumis à une "obligation de quitter le territoire français". S'il est interpellé, le Tunisien risque d'être de nouveau placé en centre de rétention, mais "peu importe" dit-il, tant qu'il "ne retourne jamais dans son pays".

Marie Monier & X.A