Année noire pour EDF, qui enregistre une perte historique de 17,9 milliards d'euros

EDF a enregistré en 2022 une perte historique de 17,9 milliards d'euros, creusant son endettement à un niveau également record de 64,5 milliards d'euros, au terme d'une année noire plombée notamment par les déboires de son parc nucléaire.
Son chiffre d'affaires a augmenté de 70% à 143,5 milliards d'euros, tiré par la hausse des prix de l'énergie, mais le groupe passe dans le rouge avec une très lourde perte nette, contre un bénéfice de 5,1 milliards en 2021. Avec la flambée générale des prix de l'électricité, EDF a vu revenir de nombreux clients français, mais la marge d'exploitation a souffert d'achats à prix d'or pour couvrir leurs besoins.
Cette dette abyssale s'explique d'abord par la baisse de la production, en partie liée à des défaillances de réacteurs, mais aussi à des grèves du personnel. Et ce manque à gagner n'a pas pu être rattrapé par la hausse des prix de l'électricité, contenue par le bouclier tarifaire.
Produire plus, l'objectif de l'Etat
Une dérive selon Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de l'énergie, que le gouvernement doit rapidement corriger.
“Il faut arrêter cette politique qui consiste à pressurer EDF pour obtenir des compensations. C’est une entreprise qui a des coûts et qui doit vendre son électricité à un prix qui est supérieur à ses coûts. Si les recettes d’EDF sont moindres, c’est aussi parce que l’Etat a mis des contraintes à l’entreprise. Ce ne serait que justice que l’Etat réinjecte de l’argent”, estime-t-il.
Réinjecter de l'argent, mais aussi renationaliser à 100%. "On ne sera pas tout seul pour éponger la dette, mais aussi pour investir, car l'objectif de l'Etat est clair, produire plus d'électricité dans les prochaines années" selon le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. "Plus il y aura de mégawatts et mieux EDF se portera", a-t-il assuré.