"C'est indécent": le salaire de Carlos Tavares, qui pourrait atteindre 36,5 millions, fait polémique

36,5 millions soit 100.000 euros par jour. Ce pourrait être le salaire de Carlos Tavares, directeur général du géant de l'automobile Stellantis. L’Assemblée générale des actionnaires du groupe est convoquée ce mardi notamment pour voter la rémunération du patron. Celle des actionnaires salariés a déjà eu lieu et l'a validée.
Dans le détail, cette rémunération se compose de 2 millions de salaire fixe, 6 millions de bonus annuel, 10 millions de prime pour récompenser la transformation de Stellantis qui est une fusion des groupes Chrysler et PSA, 14 millions de bonus de long terme, dont une partie versée en actions, des bonus liés aux performances du groupe. Il y a également 2 millions de retraite supplémentaire. Et puis, il y a aussi 600.000 euros d'avantages en nature.
Alors qu’en France, les salariés de l’entreprise ont reçu une prime d’intéressement de 4.100 euros, en baisse par rapport à l'an dernier selon les syndicats, cette rémunération fait grincer des dents.
C'est l'écart de salaire entre le patron et ses salariés qui dérange Jérôme Boussard, le secrétaire général CGT de l’usine de Sochaux.
“Quand on voit que Monsieur Tavares va toucher 100.000 euros par jour et qu'il continue à casser des emplois et à mettre en concurrence les salariés à travers le monde chez Stellantis, c’est complètement indécent”, estime-t-il.
Une rémunération justifiée?
Sans parler des dernières négociations salariales. Les augmentations ne sont pas au niveau de l'inflation, regrette le délégué central CFDT, Benoit Vernier. “Le problème pour nous, il est dans la cohérence. Chaque jour, on nous demande de la frugalité. On a des problèmes de toiture qu’il faut réparer, mais c’est la croix et la bannière pour obtenir des investissements. Dès qu'il faut sortir un euro il faut batailler”, dénonce-t-il.
Trois cabinets de conseil recommandent aux actionnaires de voter contre puisqu’elle est beaucoup plus élevée que ce qui se fait dans le secteur automobile européen. Pour ces cabinets de conseils, ce pactole menace la cohésion sociale au sein du groupe Stellantis.
Mais certains élus syndicaux nuancent et justifient, hors micro, la rémunération de Carlos Tavares qui a sauvé l'entreprise PSA du naufrage, rappelle Christian Lafaye, un ancien Force Ouvrière, tout juste retraité.
“Pour moi Carlos Tavares, c'est le Mbappé de l'automobile. Si on veut un grand capitaine, ça se paye. Maintenant 36 millions, c’est démesuré. Si c’était 10 de moins ce serait peut-être plus audible”, confie-t-il.
Il s'insurge plutôt des milliards reversés aux actionnaires. "Tavares lui au moins, il bosse", dit-il.
Si les actionnaires de Stellantis refusent cette rémunération, elle sera versée quand même. En effet, le groupe est basé aux Pays-Bas et là-bas le vote est seulement consultatif, contrairement à la France.