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Économie

"Ça n'appelle pas": le dispositif Ma Prime Renov' change encore et inquiète les professionnels du bâtiment

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Un peu plus de deux mois seulement après en avoir modifié les contours, le dispositif d'aide à la rénovation énergétique, raboté d'1 milliard d'euros, va connaître de nouvelles évolutions. Le gouvernement présente la nouvelle mouture aux professionnels du bâtiment ce vendredi après-midi. L'objectif est de relancer le dispositif, alors que les demandes ne cessent de baisser.

A peine plus de deux mois après avoir chamboulé le dispositif Ma Prime Renov' (MPR), le gouvernement fait machine arrière. La version 2024 de ce dispositif d'aides à la rénovation énergétique va être revue en profondeur.

Les ministres du Logement Guillaume Kasbarian et de la Transition écologique Christophe Béchu vont l'annoncer aux professionnels du bâtiment ce vendredi après-midi, à 14h. Des mesures qui interviennent alors que la rallonge du budget prévu pour MPR en 2024 a été rabotée d'1 milliard d'euros, et que les professionnels constatent que le marché de la rénovation est en panne.

Le gouvernement devrait revenir en arrière et financer à nouveau les mono gestes, par exemple changer les fenêtres ou isoler les combles. Des aides qui étaient très demandées par les particuliers avant leur suppression. Les particuliers pourraient à l'avenir se passer d'un accompagnateur, sauf en cas de travaux très coûteux et très subventionnés, puisque ces professionnels ne sont aujourd'hui pas assez nombreux.

Enfin, dernière piste, permettre aux entreprises du bâtiment d'intervenir sans être labellisées puis les certifier à l'issue des chantiers. Des mesures de simplification saluées par les professionnels mais qui risquent d'augmenter les fraudes, alerte l'un d'eux. Un autre estime qu'elles ne suffiront pas à rattraper le retard pris et que l'objectif de 140.000 rénovations d'ampleur à réaliser d'ici la fin de l'année, déjà revu à la baisse, ne sera pas atteint.

Inquiétude des artisans

Avec -40% de demandes pour Ma Prim Renov' depuis le 1er janvier, les conséquences se font ressentir sur les artisans et les entreprises. Isolation, peinture, carrelage… Sylvain multiplie les casquettes dans son activité. Mais il dresse un bilan amer de ce début d’année.

“Ça n'appelle pas. Sur les travaux de rénovation, ils ont tout fait pour que les gens ne demandent pas”, pointe-t-il.

Des démarches longues, complexes. Onéreuses, aussi. “Les gens n’ont plus l’argent pour faire et puis les nouvelles règlent font qu’ils ne demanderont pas d’aide. Ceux qui ont les moyens de faire les travaux, ils ne demanderont pas d’aide non plus parce qu’ils n’auront presque pas d’aide”, dénonce-t-il.

Au 1er janvier, une réforme favorisait les rénovations globales aux petits travaux. Des changements de règles justement trop fréquents selon Bertrand Ducret, gérant de la société Natherm, spécialisée en plomberie-chauffagerie.

“C’est un marché qui est aidé par l’Etat, je suis d’accord. Malgré tout, supprimer, revoir, modifier, c’est un facteur limitant de toute manière”, indique-t-il.

Une instabilité initiée par le gouvernement qui provoque l’inquiétude du secteur. “On a besoin d’avoir une stabilité dans le temps pour savoir comment on va gérer nos embauches, nos investissements”, pointe-t-il.

Victor Joanin et Vincent Chevalier avec Guillaume Descours