RMC
Économie

En cas de canicule, les ouvriers du BTP pourront désormais bénéficier d'un "chômage intempérie"

placeholder video
La canicule est désormais considérée depuis le 28 juin comme faisant partie des intempéries donnant droit à des indemnisations des ouvriers en cas de mise à l'arrêt des chantiers. Un "outil supplémentaire" pour faire "face au dérèglement climatique", s'est félicité ce jeudi sur RMC Frédéric Mau, secrétaire de la fédération CGT Bois et construction.

Conséquence du changement climatique, la canicule rejoint la neige, le gel et le vent dans la liste des intempéries reconnues en France comme un motif de chômage technique pour les ouvriers du bâtiment, ouvrant la voie à des indemnisations en cas d'arrêt de chantier. Un décret du gouvernement sortant a été publié le 28 juin dernier.

Désormais, si Météo France émet une alerte vigilance canicule orange ou rouge, soit une période de chaleur intense pendant 3 jours et 3 nuits consécutifs, "le travail doit cesser", a fait savoir à l'AFP Patrick Blanchard, secrétaire national de la CFDT construction.

Une caisse d'assurance spécifique

Cependant, le décret n'intègre pas les vigilances jaunes, qui correspondent à des pics de chaleur, soit une exposition de courte durée (1 ou 2 jours) à une chaleur intense. Ce jeudi 18 juillet, huit départements du Sud-Est sont placés en vigilance jaune canicule.

Ces indemnisations ne correspondent pas concrètement à du chômage technique mais à du "chômage intempéries qui existe depuis 1947", rappelle Frédéric Mau, secrétaire de la fédération CGT Bois et construction, sur RMC au micro de Charles Matin. "Les entreprises cotisent auprès d'une caisse" spécifique. Aussi, "la caisse d'intempérie s'engage à rembourser, selon leurs règles, l'entreprise qui met ses salariés à l'arrêt".

L'invité de Charles Matin : Pas de chômage technique, mais un congé intempérie pour les salariés du BTP - 18/07
L'invité de Charles Matin : Pas de chômage technique, mais un congé intempérie pour les salariés du BTP - 18/07
6:31

Les patrons d'entreprises peuvent toutefois décider d'arrêter les chantiers s'ils considèrent que la température actuelle, même en dehors d'une vigilance orange ou rouge, ne permet pas la sécurité sanitaire de leurs employés. Une décision "à leur discrétion", précise Frédéric Mau.

JO, Grand Paris... "L'accès à toute forme de repos est plus compliqué"

Pour autant, certains chantiers sont rythmés par un calendrier intense, à l'instar du "village olympique ou du Grand Paris" pendant les Jeux olympiques. "Ce sont des ouvrages où les pressions sont énormes. L'accès aux congés intempéries ou toute formes de repos est plus compliquée", prévient-il par ailleurs.

Une souplesse que Patrick Blanchard, le secrétaire national de la CFDT Construction, aimerait voir abolie, compte tenu des risques que fait courir, selon lui, la chaleur aux salariés de ce secteur d'activité particulièrement accidentogène

Frédéric Mau se félicite néanmoins d'un "outil supplémentaire" pour faire "face au dérèglement climatique" mais s'inquiète d'une "barrière thermique infranchissable, aux limites des capacités humaines", citant notamment l'enrobage des routes.

Les fonds moins utilisés en hiver qu'auparavant

Le fonds abondé par les entreprises pour compenser les indemnisations "servait surtout en hiver avant, et c'est beaucoup moins le cas aujourd'hui", selon Patrick Blanchard. L'intégration de la canicule dans le champ des intempérie couvertes ne va pas se traduire par une augmentation des cotisations des employeurs, mais par un simple "transfert" de celles prévues pour les épisodes de neige et de gel, désormais moins fréquents en France, estime-t-il.

Léo Manson avec AFP