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Faut-il mettre fin au logement social à vie? "La meilleure solution, c'est de construire plus"

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Le gouvernement va proposer un projet de loi pour mieux contrôler les occupants de logements sociaux qui n'y auraient plus droit. Mais selon Michel Fréchet, président de la Confédération générale du logement, il faudrait plutôt en construire davantage.

Parmi les 11 millions de personnes vivant dans un logement social en France aujourd'hui, selon le ministre du Logement Guillaume Kasbarian, 8% d'entre eux n'y seraient plus éligibles parce que leurs revenus dépassent le plafond autorisé.

Le gouvernement va présenter, la semaine prochaine en conseil des ministres, un projet de loi pour favoriser la sortie du logement social des locataires qui ont "largement dépassé les plafonds de revenus". L'exécutif veut exiger des bailleurs sociaux une évaluation régulière et obligatoire de "la situation personnelle, financière et patrimoniale" des locataires du parc social.

HLM : faut-il mettre fin au logement social à vie ? - 02/05
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Ces dispositions seront intégrées au projet de loi destiné à augmenter l'offre de logements abordables. Mais elles suscitent déjà beaucoup de commentaires négatifs. Pour l'Union sociale pour l'habitat (USH), l'organisation représentative du secteur HLM qui dénonce un projet démagogue, la "notion de logement à vie […] n'a pas de réalité juridique".

"Cette proposition du gouvernement pour favoriser la mobilité des locataires existe déjà dans les textes", ajoute l’organisation.

Actuellement, les locataires de HLM doivent en effet répondre annuellement à une "enquête ressources" pour attester de leur situation économique. Au-delà d'un certain plafond de ressources, leur bailleur peut, dans certains cas, refuser de renouveler leur bail.

Faut-il changer le système?

Pour Thierry Moreau, chroniqueur d'Estelle Midi, sur RMC et RMC Story, "il faut mettre fin au logement social à vie, parce que 8% du parc, ça fait 880.000 personnes". Il a rappelé le principe du logement social. "L'État vous aide parce que vous avez une situation précaire. Et cette situation précaire peut durer. Là, il n'y a aucun débat."

Un point de vue que rejoint Marise, retraitée, qui travaillait dans une compagnie d'assurance. "Pour moi, il faudrait que ce soit un bail de trois, six ou neuf ans, qu'on en finisse avec le système actuel. On revérifie la situation des gens, et s'ils en ont encore besoin, on les laisse."

"Le logement, c'est un droit fondamental, qui est complètement bafoué. On a besoin de logement social, on doit pouvoir y aller. Pourquoi il n'y en a plus? Parce que justement, on n'a pas fait ce qu'il faut", ajoute la retraitée.

Un manque de logements sociaux?

Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de logements sociaux en France selon Michel Fréchet, président de la Confédération générale du logement, pour qui ce débat est "ridicule car la meilleure solution, c'est de construire beaucoup plus de logements de façon à ce que chacun y trouve sa place".

"On est en train de débattre sur un sujet qui concerne une infime minorité des locataires qui vivent en logement social", s'agaçe Michel Fréchet.

"Parmi les 8%, il y a des gens qui possèdent un bien, mais souvent au milieu de la Lozère alors qu'ils habitent en région parisienne. Comment vous voulez qu'ils fassent ces gens-là? En le vendant, éventuellement, ils auront un appel d'air pour quelques années mais après ça sera terminé. Ils devront chercher à nouveau un HLM et attendre des années pour en avoir un", enchérit-il.

Quant aux personnes âgées qui sont pointées du doigt car elles occupent un logement social trop grand, Michel Fréchet rappelle qu'un grand nombre d'entre elles "veulent changer pour un plus petit". Mais malheureusement, "il n'y en a pas, ils sont occupés".

T.R.C.