"Il faut des contrôles pour que ça bouge": face au manque de HLM, bientôt la fin du logement social à vie?

Le gouvernement veut mettre fin au logement social à vie. Le journal Les Échos révèle ce vendredi matin que le ministre du logement Guillaume Kasbarian va inclure dans son futur projet de loi des mesures qui permettront de forcer les locataires de HLM à quitter leur logement social, s’ils ne remplissent plus les conditions pour y habiter.
Il souhaite que les bailleurs sociaux examinent régulièrement la situation personnelle et financière de leurs locataires. Et qu'ils puissent, le cas échéant, mettre fin à leur bail ou relever leur loyer. La mesure sera inscrite dans le projet de loi Logement qui sera présenté début mai en Conseil des ministres, avant d'être examiné au Sénat à la mi-juin.
À Neuilly-sur-Marne, il existe plus de 45% de logements sociaux. Tous sont occupés et les demandes ne cessent d'augmenter selon le maire Zartoshte Bakhtiari: “Sur une ville comme la mienne de 45.000 habitants, j’ai 2500 foyers qui sont en attente d’attribution d’un logement”, indique-t-il.
Alors quand le ministre du logement annonce qu'il faut contrôler davantage les locataires HLM, c'est une bonne nouvelle:
“Peut-être qu’il y a des gens qui ne sont plus éligibles parce qu’ils ont construit une maison ailleurs et qu’ils en tirent un loyer. J’ai des personnes qui sont dans des 5 pièces. Mais aujourd’hui quand les enfants sont partis, quand ils se sont séparés, ils y restent. Il faut plus de contrôles pour que ça bouge un peu plus”, appuie-t-il.
Deux millions de logements sociaux manquant
Aujourd'hui, 8 % des locataires de HLM ne seraient plus éligibles à un logement social s'ils en demandaient un. Pour autant, faire la chasse aux locataires n'est pas la solution selon Eddie Jacquemart, président de la confédération nationale du logement.
“On rêve de soi-disant chasser les moins pauvres des pauvres. Mais enfin, qu’est-ce qu’on veut dans cette société? Les gens, quand ils ont gagné plus d’argent, ils ont payé leurs impôts, et puis ils ont un loyer qui s’applique. Donc pourquoi aujourd’hui, on devrait leur retirer un logement social?”, questionne-t-il.
Un avis que partage le maire PCF de Grigny, Philippe Rio. “C’est un pansement sur une jambe de bois. Là où il y a plus de 2,5 millions de Français qui sont demandeurs de logement sociaux, là où nous ne construisons plus de logement en France, on a une mesurette, un mirage, qui nous laisse croire qu’à travers un coup de fil, on réglerait le problème du logement social. Tout cela relève d’une même logique. Tous les filets de sécurité qui existent sont enlevés, sont détricotés. Un coup c’est sur l’emploi public, un coup c’est sur le logement social, indique-t-il ce vendredi matin sur RMC et RMC Story.
Et il déplore une "ghettoïsation" à l'outrance: "On va faire partir des familles de classe moyenne pour mettre des personnes dans des situations encore plus fragile. On va ghettoïser encore un peu plus et considérer que le logement social, c'est du logement pour les pauvres et les très pauvres", insiste l'élu.
Seule réponse à la crise du logement, construire davantage de HLM. Il manquerait deux millions de logements sociaux en France selon lui.