Fonctionnaires, remboursements médicaux… Quels risques si le gouvernement Barnier tombe?

Si le Parlement censure le gouvernement Barnier et ne vote pas le budget 2025, est-ce que c’est grave? Que risque le pays? Le scénario d’une France sans budget plane, avec même un risque de "shutdown" comme disent les Américains, autrement dit de fermeture de l’administration. Avec des fonctionnaires qui ne sont pas payés, des dépenses de santé pas remboursées, un pays à l’arrêt et la menace d’une crise financière à la grecque…
En réalité, comme le soulignent la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet ou Marine Le Pen, un tel scénario est peu probable. En cas d’échec du vote du budget, plusieurs procédures permettent au moins de reconduire le budget de l’année précédente, et d’assurer la continuité du service public: collecter les impôts, verser les aides sociales et les retraites, payer les fonctionnaires, rembourser les dépenses de santé…
Mais une France sans budget, c’est grave parce que ne pas avoir de budget ni de gouvernement, ça veut dire que tout un tas de réformes qui sont en pause depuis la dissolution n’avancent pas. L’exemple le plus emblématique, c’est la loi d’orientation agricole qui contient beaucoup de simplifications que réclament urgemment les agriculteurs.
Un deuxième trimestre de croissance qui pourrait s'envoler
Si c’est le budget 2024 qui est reconduit, donc un budget sans hausses d’impôts ni baisse des dépenses, ça veut dire plus de déficits, donc des taux d’intérêt plus élevés. Et adieu à la trajectoire de redressement des comptes saluée par Bruxelles.
Déjà, le baromètre de la crédibilité budgétaire française, l’écart entre les taux d’intérêt français et allemand, a atteint ce mardi son plus haut niveau depuis 1992 (0,87%). Alors, imaginez si la réforme des retraites est abandonnée et S&P baisse la note de la France ce vendredi… Des milliards de charges d’intérêt en plus! Voire pire, le redouté scénario à la grecque, si les investisseurs ne veulent plus nous prêter.
Et puis, il y a aussi le risque pour la croissance… Et c’est ce qui coûtera le plus cher. Plus de la moitié des dirigeants de PME-TPE estiment que le climat d’incertitude en termes de politique économique exerce un très fort impact négatif sur leur activité, ce qui les incite à reporter leurs projets d’investissement et d’embauches.
A l’annonce de la dissolution, on avait dit qu’elle coûterait un trimestre de croissance. La censure du gouvernement Barnier risque d’en coûter un deuxième.