Immobilier: jamais la France n'a aussi peu construit de logements depuis 50 ans

59.000 nouveaux logements construits en 2024. Jamais la France n'a aussi peu construit depuis 50 ans. Entre 2017 et 2022, les chiffres étaient en moyenne de 125.500. Conséquence, les faillites des promoteurs immobiliers explosent.

Jamais la France n’a aussi peu construit de logements depuis 50 ans. En 2024, les promoteurs ont produit et mis en vente 59.000 nouveaux logements, soit moitié moins qu'il y a deux ans. C’est la moitié de ce qui se construisait en moyenne chaque année avant les années covid, soit 125.500 entre 2017 et 2022.

Les réservations de nouveaux logements, l’étape qui précède la construction, sont en baisse pour tous les types de clients, qu’ils s’agissent des particuliers ou des bailleurs sociaux. Cela se vérifie à la fois pour les appartements comme pour les maisons.

Conséquence: le stock de logements proposés à la vente reste très proche de ses records historiques de 2023. Une situation intenable pour beaucoup de promoteurs. On constate une hausse de 150% des faillites, l’an dernier, ce qui représente 30.000 emplois.

Lechypre d’affaires : Immobilier neuf, une année noire en 2024 - 27/02

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Des ventes en baisse

Le nombre de ventes réalisées au cours de l'année 2024 a encore diminué par rapport à l'année précédente, de 9% pour tomber à 792.000 transactions.  Mais il a cessé de reculer au dernier trimestre et retrouve "le niveau de juin 2024", un rebond qui "fait suite à une baisse continue depuis fin septembre 2021", analyse l'Insee. 

792.000 ventes, "cela représente une baisse de 29% par rapport à 2022", relève Elodie Fremont, signe d'une "crise qui dure, qui s'est endurcie, qui s'est allongée" et que les professionnels de l'immobilier n'avaient "pas vu venir de façon aussi brutale et aussi profonde".

Augmentation du coût du travail, durcissement des normes environnementales...

Jamais les promoteurs n’ont eu à affronter autant de vents contraires en même temps: la flambée des coûts de production (+20% depuis 2020) avec la hausse des matières premières, de l'énergie et du coût du travail, des prix de vente qui ont augmenté, le durcissement des normes environnementales, la hausse des taux d’intérêt mais aussi la disparition progressive des aides fiscales comme le dispositif Pinel.

Le fond du trou est sans doute atteint, mais il faudra entre deux et trois ans pour remettre la machine en route, selon les professionnels. Le redémarrage progressif pourrait se faire grâce aux mesures inscrites dans le budget 2025 comme l'extension du prêt à taux zéro à l'ensemble du territoire.

Les prix aussi ont commencé à baisser dans la plupart des grandes agglomérations, entre 3 et 15%. Les taux d’intérêt diminuent eux aussi (4,5% fin 2023, 3,3% aujourd’hui sur 25 ans).

Emmanuel Lechypre