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Économie

"Ma trésorerie ne va pas tenir": après les pillages, des commerces au bord du gouffre

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Des commerces attaqués, pillés voire brûlés. Les émeutes qui ont fait suite à la mort de Nahel n'ont pas épargné les commerçants. Beaucoup, aujourd'hui, attendent un geste de l'Etat pour garantir la survie de leur commerce.

Les commerçants sont fortement impactés par les émeutes qui ont fait suite à la mort de Nahel, tué par un policier après un refus d'obtempérer. D'après un décompte communiqué par Bercy ce mardi, 436 débits de tabac ont été touchés dont 10% ont été totalement détruits. 200 commerces alimentaires touchés, dont 30 ont été brûlés. La plupart ont d'ores et déjà rouvert.

Des dizaines de boutiques d'habillement ont été pillées, ainsi que 60 commerces de sport. Une vingtaine de salles de sport ont aussi été touchées et 370 agences bancaires ont été visées. Pour certains magasins, impossible de rouvrir et, comme il y a trois ans au moment du Covid, certains salariés se retrouvent au chômage technique.

À Lille, une supérette a été pillée, saccagée d'abord, incendiée ensuite. A l’intérieur, de la suie partout sur les murs, au sol, sur les produits en rayon. Depuis jeudi, impossible de travailler dans la boutique. “J’ai douze salariés, les douze sont aujourd’hui en chômage technique”, indique-t-il.

Une première pour le patron Karl Everaer qui se retrouve dans une situation intenable pour continuer de payer ses salariés au chômage technique.

“L’avance de fonds doit être faite par le magasin avec le remboursement en quelques mois. En avance de frais, je suis à plus de 100.000 euros et ma trésorerie ne va pas tenir. Les sorties sont plus nombreuses que les entrées puisque les entrées, il n’y en a plus. Donc la trésorerie diminue à vue d’œil”, détaille-t-il.

Un geste du gouvernement espéré

Ça inquiète évidemment les salariés. Patrick, 51 ans, travaille ici depuis cinq ans.

“Nous on est vraiment dans l’interrogation. On ne sait pas de quoi va être fait demain, on ne sait même pas si on va rebosser, ou si le magasin va rouvrir”, déplore-t-il.

Et ce n'est pas son directeur qui peut vraiment le rassurer. “On est proche d’une liquidation si demain on n'a pas un retour des avances de fonds”, assure-t-il. Karl Everaer demande un geste de plus au gouvernement. “Si déjà l’Etat pouvait prendre en charge l’indemnisation des salariés, ça nous éviterait d’être dans le rouge trop longtemps”, appuie-t-il.

Ses 12 salariés devraient rester au chômage technique au moins jusqu'en septembre. Impossible, même dans le meilleur des cas, de rouvrir avant, regrette le gérant.

Martin Bourdin avec Guillaume Descours