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L'impact du Nutri-Score, plus sévère depuis le 1er janvier, limité par "les lobbies alimentaires"?

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Le calcul du Nutri-Score est plus sévère depuis le 1er janvier 2024. L'objectif est de répondre aux nouvelles recommandations européennes selon le gouvernement, mais pour Serge Hercberg, créateur du Nutri-Score, son impact est limité car cette note est facultative.

Depuis le 1er janvier 2024, le Nutri-Score évolue. Les modalités de calcul de cette note, censée indiquer la valeur nutritionnelle globale d’un produit, ont changé cette année. Selon le ministère de la Santé, l’algorithme actuel n’était plus adapté aux normes européennes en termes de recommandations alimentaires.

Le but est de “promouvoir des choix alimentaires plus favorables à la santé” se justifiait la Direction générale de la Santé (DGS), en avril dernier lors de l’annonce de la mesure. “On a fait des progrès en matière de connaissances scientifiques, le marché alimentaire a changé, il y a eu de nouveaux produits, des reformulations. Il était nécessaire de faire cette révision pour mieux coller aux dernières recommandations nutritionnelles de santé publique”, a argumenté Serge Hercberg, le professeur de nutrition à l’origine du Nutri-Score, invité de Charles Matin ce mardi sur RMC.

Des notes plus sévères

Le Nutri-Score, qui va de A à E, prend en compte les nutriments à éviter (acides gras, sucre, sel, additifs) et ceux recommandés (protéines, vitamines, fibres, etc.). Avec le nouvel algorithme, les produits contenant plus de sucres, de graisses ou de sel sont plus sévèrement notés. C’est le cas surtout pour les plats préparés à réchauffer ou certaines pizzas surgelées.

Cinq catégories de produits sont concernées par ce changement de règles : les poissons, les viandes, les huiles, les produits transformés et les céréales. Ces derniers, qui présentent un taux élevé de sucre, ont vu leur note passer de A à C. Au contraire, les céréales complètes, le saumon ou encore les huiles végétales ont de meilleures notes. Ce changement d’algorithme inclut désormais également les boissons lactées et les boissons végétales.

Un impact limité par son caractère facultatif

Même si ce Nutri-Score a un “vrai impact”, selon Serge Hercberg, il est limité par le fait qu’il ne soit pas obligatoire. Les industriels ont le choix, et cela ne change pas en 2024. “Ce n’est pas la faute des autorités de santé en France ou des autres pays qui l’ont adoptée.”

“C’est le fait qu’il y ait une recommandation européenne, poussée à l’époque par les lobbies alimentaires, qui empêche les États membres de le rendre obligatoire”, a précisé le professeur de nutrition.

S’il l’accepte, un industriel doit le mettre sur tous ses produits, “il ne choisit pas les produits qu'il veut”, a expliqué Serge Hercberg. C’est pourquoi, avec le durcissement des notes, certaines marques pourraient décider de ne plus l’afficher si leurs produits sont trop pénalisés.

L'invité de Charles Matin : Un Nutri-Score plus sévère, des marques laissent tomber - 02/01
L'invité de Charles Matin : Un Nutri-Score plus sévère, des marques laissent tomber - 02/01
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Bjorg jette l'éponge

C’est le cas de Bjorg, une marque spécialisée dans les produits biologiques. Les boissons végétales du groupe ont vu leur note baisser de A-B à D-E. “La marque Bjorg qui commercialise des biscuits mais aussi des laits végétaux, à base de riz, d’avoine ou de soja. Lorsque ces produits sont trop sucrés, ils vont être moins bien classés vraisemblablement”, a commenté Serge Hercberg.

“C’est ce qui a poussé Bjorg, de façon tout à fait malhonnête, à retirer le Nutri-Score”, a-t-il ajouté.

En juillet 2023, selon les données de NielsenIQ, 26% des produits alimentaires présentaient un Nutri-Score sur leur emballage. Un chiffre qui pourrait diminuer avec les nouvelles règles en vigueur.

T.R.C. avec AFP