Assurance chômage: "Réduire l'indemnisation ne sert à rien" assure une employée de France Travail

Et de trois! Mercredi soir, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué les contours d'une troisième réforme de l'assurance chômage sous Emmanuel Macron, après celles de 2019 et 2023. Au menu cette fois, une durée d'indemnisation qui pourrait être réduite de 18 à 12 mois pour les chômeurs.
"Cela n'arrête pas de changer", se désespère ce jeudi dans Apolline Matin Christelle, employée de France Travail dans la Manche, qui évoque des changements dans les procédures et les directives.
"Pour l'équilibre budgétaire, ils tapent sur les demandeurs d'emplois, mettent la France en précarité pendant que les députés et les sénateurs ont été augmentés (les parlementaires se sont accordés une forte hausse de leur indemnité de frais de mandat, invoquant l'inflation, NDLR)", ajoute-t-elle.
Elle égrène les rabots sur l'assurance chômage qui se succèdent: indemnisation réduite d'un an pour les plus de 50 ans, maintien jusqu'à la retraite qui commence à disparaître, dispense de recherche d'emploi annulée ou encore mise en place du RSA sous conditions.
"Gabriel Attal qui, à 35 ans, n'a jamais travaillé dans le privé, n'a jamais été à la recherche d'un emploi, il ne se rend même pas compte de la situation des demandeurs d'emploi", ajoute Christelle.
"Je n'ai même pas la chance de passer un entretien"
Et la réduction de la durée d'indemnisation, de 18 à 12 mois, ne changerait rien selon l'employée de France Travail, estimant que les problèmes de retour à l'emploi se trouvent ailleurs. "Aujourd'hui, beaucoup de personnes ne retrouvent pas de travail en raison de leur âge, d'un handicap, qui rebute les employeurs, explique-t-elle. Réduire l'indemnisation ne servira à rien."
C'est le cas de Rami, 42 ans, qui assure rechercher un emploi en Seine-et-Marne dans la logistique et le transport depuis mai 2022. Et malgré ses efforts, il assure ne recevoir que des refus: "Je n'ai même pas la chance de passer d'entretien alors que j'ai 18 ans d'expérience", explique-t-il, ajoutant être atteint d'un handicap depuis un accident de travail.
De nouvelles réformes à venir?
Invitée de RMC et RMC Story dans la foulée, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a répondu à Christelle prévenant en filigrane que d'autres changements pourraient arriver: "Elle a raison sur deux points. Nous devons continuer à réformer pour pouvoir avancer et créer de la richesse pour notre modèle social et surtout, pour les chômeurs eux-mêmes. Pour cela, nous avons accéléré les choses et nous devons continuer à le faire".
"L’autre point, c’est le principe du changement de Pôle emploi à France Travail: c'est un changement de méthode pour avoir cette capacité à regarder la situation économique d’un territoire et être en mesure d’adapter la formation d’une personne sans emploi selon les besoins du territoire. C’est tout l’enjeu pour les agents de France Travail". Christelle, l'agent de France Travail, peut s'attendre à d'autres changements.