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CGT: qui va succéder à Philippe Martinez à la tête du syndicat?

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Philippe Martinez s’apprête à laisser sa place à la tête de la CGT, dont le congrès s’ouvre ce lundi à Clermont-Ferrand. Marie Buisson est la favorite pour lui succéder, mais Céline Verzeletti voire Olivier Mateu pourraient s’immiscer dans cette lutte.

Le congrès de la CGT s’ouvre ce lundi. Et il va désigner le successeur de Philippe Martinez. Pour la première fois, c’est une femme qui pourrait être désigné à la tête du syndicat. Mais on ne sait pas laquelle. Elles sont deux à pouvoir espérer prendre la tête du vieux syndicat longtemps communiste: Marie Buisson, candidate de la direction sortante, et Céline Verzeletti, dont le nom pourrait sortir du chapeau si la candidature officielle était rejetée.

Marie Buisson est la patronne de la branche éducation, recherche et culture. Elle a 55 ans, c’est une prof de français, qui a pris sa carte à la CGT le jour même de son entrée à l'Education nationale. Elle est écologiste et féministe. Elle est une des fondatrices d’un mouvement qui s’appelle "Plus jamais ça" et qui fait le lien entre les écologistes et le monde syndical. Elle est à ce titre signataire d’un texte qui prône la sortie du nucléaire.

Ce qui lui vaut des hostilités au sein du syndicat, parce que traditionnellement la CGT est très puissante au sein d’EDF. La branche énergie du syndicat défend la filière nucléaire française et s’est même opposée à la fermeture des centrales à charbon au nom de la défense de l'emploi. On ne peut pas dire l’écologie ait été au centre des préoccupations de la CGT. En tout cas jusqu’à présent…

C’est le premier handicap de Marie Buisson. Le second, c’est qu’elle vient de l’Education nationale, un univers où la CGT n’est pas majoritaire. Le troisième, c’est qu’elle n’a jamais pris la tête d’un grand combat social. Le quatrième c’est qu’elle est peu connue du grand public et que ce n’est pas une grande oratrice. Enfin, le dernier, c’est qu’elle a été choisie par Philippe Martinez en dehors de tout processus démocratique. Tout cela fait que son élection n’est pas acquise.

D'où la possibilité de voir émerger une autre femme, Céline Verzeletti. Ce qui veut dire qu’une gardienne de prison deviendrait la patronne de l’ancien premier syndicat français. C’est son métier, elle a été surveillante aux Baumettes, à Marseille, puis dans les prisons de la région parisienne. Elle dépend encore de l'administration pénitentiaire, même si elle en est depuis longtemps détachée pour exercer ses mandats syndicaux. A 54 ans, elle est secrétaire confédérale de la CGT. Ses deux parents étaient militants communistes et adhérents de la CGT. Elle a grandi à Tarbes, une ville ouvrière des Pyrénées dont elle a gardé l’accent. Elle affirme aujourd’hui ne pas être candidate à la direction du parti, mais se tenir prête au cas où, si jamais on devait avoir besoin d’elle.

Un long processus de désignation

Comment va se dérouler le scrutin? C’est horriblement compliqué. Le congrès commence ce lundi et va durer toute la semaine. Un millier de délégués sont réunis à Clermont-Ferrand. Mardi, ils éliront une commission exécutive d’une cinquantaine de personnes qui désignera ensuite un bureau de dix personnes, puis la commission devra se prononcer jeudi à huis clos sur un nom qui leur sera proposé pour devenir numéro 1. Et ce sera le nom de Marie Buisson. C’est en tout cas ce qui est prévu aujourd'hui. Mais de toute façon, vendredi, c’est le parlement du parti qui devra valider ce choix. Et c’est à ce moment-là que tout pourrait basculer. D’autant qu’il y a plusieurs façons de voter, en tenant compte ou pas du poids des branches et des fédérations… Les débats risquent d'être agités. Et si la candidate officielle Marie Buisson devait être mise en minorité, c’est là que la candidature de Céline Verzeletti pourrait s’imposer.

A moins qu’un homme déjoue les pronostics. Olivier Mateu, le patron de la fédération des Bouches-du-Rhône ne cache pas ses ambitions. Jusqu’à présent, il était considéré comme trop radical et trop opposé à Philippe Martinez pour avoir une chance de s’imposer. Mais le contexte s’est aussi radicalisé. Les syndicats sont en guerre contre la réforme des retraites. Le congrès de la CGT pourrait créer la surprise et se choisir comme chef, un guerrier… Mais ce n’est pas le plus probable.

Nicolas Poincaré