Le Pen veut une "priorité nationale à l'emploi", les patrons dénoncent "un coup de couteau dans le dos"
Marine Le Pen présente son programme ce week-end à Lyon. Dans une interview au Monde ce jeudi, la candidate du Front national en a déjà dévoilé quelques lignes. Marine le Pen veut par exemple inscrire dans la Constitution la notion de "priorité nationale", notamment en matière d'emploi. C'est même la première mesure qu'elle souhaite prendre, juste après les législatives, en consultant les Français par référendum. En cas de non-respect de la loi, les patrons qui emploieraient des étrangers seraient sanctionnés et devraient payer une taxe.
Cyril Wolmark, professeur de droit public à l'université Paris-Nanterre, juge la mesure impossible à mettre en place. "C'est une mesure farfelue, impraticable car elle est en contradiction avec le droit international de l'ONU comme le droit européen, estime-t-il. La directive 2043 interdit notamment toute discrimination à l'emploi fondée sur l'origine, c’est-à-dire la prétendue race ou ethnie. De même, les discriminations fondées sur la nationalité doivent être justifiées par des considérations particulièrement impérieuses".
"Heureusement que la possibilité de recruter des étranges existe"
De même, la proposition de Marine Le Pen scandalise les patrons. Notamment parce que dans certains secteurs, ils emploient des étrangers faute de trouver de la main d'œuvre française. "Est-ce que vous croyez que, quand on a 30 à 50% de main d'œuvre étrangère, c'est un choix?, interroge Jean-Jacques Doucet, président du Medef dans l'Est parisien. Le patron ne se lève pas en se disant qu'il va favoriser l'embauche d'étrangers. Non, il prend ce qu'il trouve!"
Et d'indiquer: "Nous avons de nombreuses entreprises du bâtiment, de la sécurité, de l'hygiène. Alors heureusement que la possibilité de recruter des étranges existe. De l'étranger ou non, on s'en fiche. A un moment donné, ce que l'on veut c'est pouvoir produire. Et, si tout d'un coup, chercher de la main d'œuvre est associé au fait que l'on va avoir une taxation supplémentaire… Les patrons du bâtiment et de la sécurité ont peur de devoir fermer leur boîte. Ils considèrent que c'est un coup de couteau dans le dos".