"Les rémunérations sont insuffisantes": des piscines fermées à cause du manque de maîtres-nageurs

À quelques jours des vacances d’été, c’est l’inquiétude dans les piscines ou encore sur les plages et les bases de loisirs, à cause d’une pénurie de maîtres-nageurs. Il manque entre 4.000 et 5.000 maîtres-nageurs cette année selon la édération française de sauvetage et de secourisme.
“C’est un manque énorme. Il y a plusieurs causes, dont notamment les rémunérations, qui sont insuffisantes, très largement. Un maître-nageur gagne 1300-1400 euros en début de carrière alors que des fois, il travaille jusqu’à 45 heures par semaine”, explique sur RMC ce mardi matin Axel Lamotte, membre du comité directeur de la Fédération française des maîtres-nageurs sauveteurs.
Selon lui, les problèmes de recrutement sont dus à des causes multiples, mais il pointe par exemple les problèmes de sécurité dans les piscines. “Ce sont des lieux où on s’amuse mais il n’y a pas que des petits jeunes qui s'amusent, il y a aussi des gens qui sont agressifs voire violents. Donc c’est difficile pour les maîtres-nageurs de réaliser leur tâche de surveillance et en même temps de contrer toutes ces agressions”.
Conséquence de ce manque de maîtres-nageurs, des centres nautiques doivent revoir leur planning avec parfois des obligations de fermeture. C'est le cas à Cluses, en Haute-Savoie. En plus de sa semaine de fermeture annuelle pour maintenance, la direction doit fermer deux semaines supplémentaires faute de personnel.
Une situation qui agace les habitués. “Je suis venue cinq fois pour rien en l'espace de trois semaines”, regrette une femme. “Tu veux aller à la piscine avec les gamins parce qu’il fait chaud et c’est à côté, donc c’est embêtant”, ajoute Danny, autre habitant de Cluses.
"On n'ouvrira pas sans avoir la sécurité totale"
Difficile de comprendre, surtout avec les fortes chaleurs. Cette fermeture complète en juillet passe mal auprès de Laure. “C’est embêtant sur Cluses parce qu’il y a des personnes qui n’ont pas forcément le permis, qui ne peuvent pas bouger comme ils veulent”, déplore-t-elle. Elle espérait faire profiter sa fille de la piscine cet été. “Je voulais lui prendre des cours particuliers pour vraiment qu’elle soit au top au niveau de la natation. Mais du coup, je ne vais pas pouvoir”, regrette-t-elle. Mais pas le choix, car il manque au moins quatre maîtres-nageurs à Cluses.
“On n'ouvrira pas un centre nautique sans avoir la sécurité totale. Il y a beaucoup moins de demandes de travail pendant la saison d’été. En plus de ça, pour être maître-nageur, il faut une formation spécifique et pas très simple”, détaille Jean-Philippe Masse, maire et président de la communauté de communes Cluses-Arves et Montagnes.
Il faut aussi faire face à la concurrence de l’autre côté de la frontière. “Il y a la Suisse qui est à côté, donc pendant la saison d’été, c’est sûr que c’est plus alléchant d’aller travailler chez nos voisins helvétiques au regard des salaires”, précise-t-il.
L’élu, comme plusieurs fédérations du secteur, attendent une transformation de la formation pour rendre le métier plus attractif.