Sur RMC, le patron du Medef plaide pour une "vraie réforme" des retraites: "Il faudra travailler plus longtemps, probablement jusqu'à 64 ans"
Une proposition "choc". Au jour J de la deuxième vague de réouvertures, le patron du Medef était l'invité de RMC, ce mercredi matin.
Si le "patron des patrons" a confié rester "prudent" à propos de la reprise économique, se gardant "de toute euphorie", Geoffroy Roux de Bezieux est surtout revenu sur l'âge de départ à la retraite. Face à Apolline de Malherbe, il a d'ailleurs formulé une proposition inédite: la retraite à 64 ans.
"La vraie réforme, on tourne autour depuis longtemps, on le sait, c'est de travailler plus longtemps. La France, c'est 62 ans, les Allemands discutent de 68 ans! Je demande une vraie réforme: probablement 64 ans. (...) Un homme politique s'est déjà positionné là-dessus, c'est Xavier Bertrand. Et d'ailleurs, selon moi, c'est un débat de la présidentielle. Il faut la légitimité de la campagne présidentielle pour faire une réforme difficile" a-t-il indiqué, s'opposant à toute "réforme-rustine en trois mois".
Trois pistes
Geoffroy Roux de Bézieux a également confié n'être ni du côté d'Emmanuel Macron ou de Bruno Le Maire sur cette question des retraites:
"La fameuse réforme du système universel, que monsieur Delevoye a mis deux ans à nous l'expliquer et que personne n'a vraiment compris, est morte et enterrée. Il y a aussi la question du déficit, un peu moins élevé que prévu... Mais avant 2030, nous sommes en déficit et il faudra, quoi qu'il arrive, prendre des mesures.
Il y en trois: la hausse des cotisations - et c'est l'emploi qui va trinquer -, la désindexation des pensions - je ne pense pas absurde que, alors que les retraités ont été protégés pendant cette crise quand les plus jeunes ont le plus trinqué, on leur demande un effort supplémentaire, et enfin, il y a l'âge" a-t-il indiqué, précisant qu'"on ne peut pas faire une réforme en trois mois ou alors ce sera une réforme au rabais, pour les Français c’est le supplice chinois".
Début juin, le chef de l'Etat a alimenté les spéculations en réaffirmant qu'il devra prendre des décisions "difficiles" pour que la dernière année du quinquennat soit "utile". Sur le dossier des retraites, il a souligné que "rien n'est exclu", mais que la réforme "très ambitieuse" - même si "porteuse d'inquiétudes" - qui était sur les rails avant d'être fauchée net par la crise du Covid, ne pourra pas être "reprise en l'état".
Dans la foulée, les syndicats ont mis en garde le gouvernement contre l'adoption avant 2022 d'une réforme des retraites. "C'est juste une folie", a ainsi estimé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, tandis que son homologue de la CGT Philippe Martinez a estimé qu'il s'agirait "d'une erreur".