Guerre en Ukraine: la Russie menace de nouveau sur le nucléaire, les États-Unis augmentent l'aide à Kiev

Le Kremlin a déclaré jeudi que le changement de doctrine russe concernant le recours à l'arme nucléaire, annoncé la veille par Vladimir Poutine, devait être considéré comme un "signal" pour les Occidentaux, avec qui les tensions sont au plus haut depuis l'offensive en Ukraine en février 2022.
Joe Biden a annoncé le même jour une augmentation de l'aide militaire à Kiev, avec une enveloppe de 8 milliards de dollards et de nuvelles munitions de longue portée, avant de recevoir Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche.
Le président russe Vladimir Poutine a prévenu mercredi que son pays pourrait utiliser l'arme nucléaire en cas de "lancement massif" d'attaques aériennes et que tout assaut mené par un pays non-nucléaire mais soutenu par une puissance disposant de l'arme atomique pourrait être considéré comme une agression "conjointe".
La Russie ne veut pas être frappée par des missiles occidentaux tirés par Kiev
Le changement "doit être considéré comme un signal spécifique", a déclaré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, interrogé par des journalistes. "C'est un signal qui met en garde ces pays contre les conséquences d'une participation à une attaque contre notre pays avec divers moyens, pas nécessairement nucléaires", a-t-il ajouté.
Il répondait à une question sur la façon dont les pays "inamicaux" devraient voir ce changement, terme notamment souvent utilisé pour désigner les nations occidentales. "Bien sûr, la dissuasion nucléaire est ajustée pour prendre en compte les éléments de tensions qui se développent à nos frontières", a ajouté Dmitri Peskov, une allusion claire à l'Ukraine.
Joe Biden réclame un sommet avec 50 pays pour "coordonner les efforts" de l'Ukraine
"J'annonce une augmentation de l'aide à la sécurité pour l'Ukraine et une série d'actions supplémentaires pour aider l'Ukraine à gagner cette guerre", a déclaré Joe Biden dans un communiqué, qui ne mentionne toutefois pas le feu vert espéré par Kiev pour tirer vers la Russie des missiles de longue portée fabriqués aux Etats-Unis. Le président Volodymyr Zelensky a salué cette nouvelle aide qui favorisera, selon lui, la "victoire" de son pays dans la guerre que lui livre la Russie.
En outre, le président Biden a appelé à la tenue en Allemagne d'un sommet de haut niveau avec 50 pays alliés de l'Ukraine "afin de coordonner les efforts" de ces pays dans la défense de l'Ukraine "contre l'agression russe".
Zelensky reçu à Washington
Volodymyr Zelensky doit être reçu dans la journée par Joe Biden et Kamala Harris, alors que la guerre en Ukraine s'invite à nouveau dans la campagne présidentielle américaine, avec de violentes critiques de Donald Trump contre le président Zelensky. Washington avait annoncé la veille 375 millions de dollars d'aide militaire à l'Ukraine. Le président ukrainien exposera à Washington son "plan de la victoire" visant à mettre fin à l'invasion russe lancée le 24 février 2022.
Vladimir Poutine avait lui justifié les modifications proposées mercredi par "l'émergence de nouvelles sources de menaces et de risques militaires pour la Russie et ses alliés".
Le président russe a fait cette annonce durant une réunion du Conseil de sécurité sur la dissuasion nucléaire retransmise à la télévision, qui ne sont habituellement pas publiques. L'adoption de cette nouvelle doctrine n'a pas été encore formalisée.
Utilisation du nucléaire en cas "d'agression contre la Russie et la Biélorussie"
Selon Vladimir Poutine, la Russie pourrait envisager un recours à l'arme nucléaire "si nous recevons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d'attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre Etat", a-t-il mis en garde.
Le président russe a souligné que cela comprenait notamment l'aviation "stratégique et tactique", les missiles ou même les drones. "Nous nous réservons le droit d'utiliser des armes nucléaires en cas d'agression contre la Russie ou la Biélorussie", son très proche allié, a ajouté le président russe.
Dmitri Peskov a en revanche affirmé que la réunion de mercredi ne portait pas sur l'expansion de l'arsenal nucléaire russe. "Non, il n'y a eu aucune mention de tels plans", a-t-il déclaré.