"Soutien" à Kamala Harris: à quoi joue Vladimir Poutine?

La Maison Blanche appelle Vladimir Poutine à "arrêter de se mêler" de l’élection présidentielle américaine. Et le président russe prend une position surprenante… A quoi joue Vladimir Poutine? On ne sait pas s’il est prescripteur, si on attendait son avis ou si on peut le croire, mais, dans le cadre du Forum économique de Vladivostok, il s’est exprimé, non sans montrer un sourire empreint de malice, en faveur de Kamala Harris. Vladimir Poutine estime que Donald Trump a été le plus sévère avec la Russie. Il avait déjà dit son soutien à Joe Biden, c’est vrai. Mais il y a quelques mois, il disait aussi préférer Donald Trump. On s’y perd... et c’est très certainement fait exprès.
Vladimir Poutine dit aussi qu’il aime le rire de Kamala Harris. Et justement, le fait que Vladimir Poutine parle du rire de Kamala Harris, ce n’est pas anodin. Le président russe s’amuse… de ce que Donald Trump lui-même cible comme étant une aspérité de la démocrate. "Laughing Kamala" (Kamala qui rit), l’appelle Donald Trump. "Elle est folle", "elle est dingue" se permettait-il fin juillet. Sur les réseaux sociaux, les trumpistes se partagent des montages où on découpe des séquences de rire, on les enchaîne… et on rigole entre militants. Mais désormais, les soutiens de Kamala Harris aussi le partagent. Ce rire est revendiqué, assumé: c’est aussi ça la politique américaine. Et Vladimir Poutine le sait. Certains estiment que son "soutien", si on l’appelle ainsi, est en réalité un message pro-Trump. Avec un sous-entendu: les puissants la préfèrent, elle est donc trop faible.
10 millions de dollars pour une vaste campagne de désinformation russe aux Etats-Unis
On n’imagine pas Vladimir Poutine soutenir Kamala Harris, les autorités américaines non plus. Et quel drôle de hasard… Des enquêteurs américains viennent tout juste de dénoncer une vaste campagne de désinformation russe sur le sol américain, orchestrée par des sites comme RT (Russia Today) à hauteur de 10 millions de dollars. La chaîne a été interdite en Union européenne depuis le début de la guerre en Ukraine. RT agirait via des sites comme Tenet Media, un site d’extrême droite alimenté par des influenceurs pro-Trump. En 2016, la Russie avait sorti le chéquier en publicité Facebook pour diffuser sa propagande. On le sait, c’est documenté, c’était "seulement" 150.000 dollars. Cette année, les dépenses seraient donc multipliées par 65: 10 millions de dollars, avec des visages bien américains pour incarner l’influence russe.
Des liens, donc, entre Moscou et la sphère trumpiste. Et ce n’est pas la première fois. Il faut rappeler qu’en 2020, le Sénat américain avait dévoilé des liens entre le directeur de campagne de Donald Trump et un espion russe. Par le passé, les deux hommes avaient travaillé ensemble, une dizaine d’années, en Ukraine.
En 2024, Donald Trump et son colistier ont régulièrement dénoncé les milliards d’aide américaine à Kiev. Pas difficile de s’imaginer que ça plaît bien à Vladimir Poutine. Donald Trump a aussi régulièrement dit qu’il mettrait fin à la guerre en 24 heures. En milieu de semaine, il affirmait avoir "un plan très précis". Mais il préfère garder la surprise. En attendant, Vladimir Poutine se joue de la démocratie américaine. Et la Russie poursuit sa déstabilisation des opinions occidentales.