Inondations en Espagne: "Ici, on a l’entraide dans le sang"

Au moins 205 personnes ont péri dans les inondations qui ont ravagé cette semaine le sud-est de l'Espagne, selon un nouveau bilan provisoire communiqué vendredi par les services de secours. "À l'heure actuelle, et de manière provisoire, le nombre de victimes est de 202 personnes" pour la seule région de Valence, selon un communiqué des services de secours de cette région, de loin la plus endeuillée par la tragédie.
Deux autres décès ont également eu lieu dans la région voisine de Castille-La Manche et un en Andalousie, tandis que de très nombreuses personnes, dont le nombre n'est pas connu, sont toujours portées disparues.
À Alfafar, des secouristes français du Groupe de secours catastrophe français sont sur place, où ils apportent du matériel aux sinistrés, comme des "groupes électrogènes, des balais, des pompes d'aspiration, des lampes torches et des tronçonneuses", a expliqué Gentil de Passos ce samedi au micro d'Anaïs Matin, sur RMC.
À La Torre, dans le sud de Valence où RMC s'est rendu sur place, c'est un flot continu de bénévoles. Les rares routes qui mènent au village sont noires de monde. Balais et sac de courses à la main, Mireilla est venu à pied depuis Valence pour aider sa famille.
Bouteilles d'eau, nourriture...
"On leur ramène des bouteilles d'eau, du pain pour faire des sandwichs et bien sûr, de la nourriture. Ce sont des rues que j'ai l'habitude d'arpenter depuis petite. Les voir dans cet état, ça m'attriste énormément", explique-t-elle au micro de RMC.
D’autres viennent aider même s’ils ne connaissent personne sur place. Olivia a marché une heure pour venir: "Ici, on a l’entraide dans le sang, ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous. Ca pourrait être ma famille, ça pourrait être un de mes grands parents qui a disparu. C’est horrible."
Tous s’affairent là où ils peuvent et raclent la boue hors des maisons. Une solidarité qui émeut Carlos, dont l’appartement a été inondé. Beaucoup de volontaires ici ont prévu de revenir tous les jours, autant que nécessaire pour aider ce quartier à retrouver un semblant de normalité.
"Voir autant de personnes mobilisées, qui nous aident, qui nettoient, qui ramènent des denrées... C'est ça qui nous réconforte, qui nous rassure, c’est ça qui fait qu'on pourra aller de l'avant", confie Carlos.
Des secouristes français sur place
"Une scène de désolation" à Alfafar, a de son côté commenté Gentil de Passos du GSCF. "L'eau a disparu mais il reste tous les stigmates, il y a des milliers de voitures partout, c'est impressionnant, décrit-il. "Les sinistrés sont ravis de voir que des étrangers viennent leur prêter main forte", a-t-il ajouté. "Il y une énorme solidarité, on voit des queues de personne qui viennent de partout, même de France, il y a beaucoup de jeunes avec des balais sur l'épaule."
Les survivants, qui manquent de tout, doivent malgré tout faire face à une insécurité croissante, selon de multiples témoignages. "Les gens entraient pour prendre des pantalons, ils volaient", racontait jeudi à l'AFP Fernando Lozano, un résident d'Aldaia, à l'ouest de Valence, qui s'était rendu dans le centre commercial de la ville.
Alerte rouge en Andalousie, les provinces de Valence et de Castellón en orange
1.700 militaires sont déployés dans la région de Valence, qui appartiennent à l'Unité militaire d'Urgence (UME), une unité spéciale intervenant lors des catastrophes naturelles, mais aussi à l'armée de Terre et à la Marine.
L'Agence nationale de météorologie (Aemet) a averti que de fortes précipitations auraient encore lieu en cette fin de semaine, et a décrété une "alerte rouge" (niveau de risque maximal) dans la province de Huelva, en Andalousie (sud-ouest du pays, limitrophe du Portugal). Pour leur part, les provinces de Valence et de Castellón, dans la région de Valence, restent sous alerte orange.