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L'Occident a "peur" aussi bien d'une défaite russe que d'une défaite ukrainienne, estime Volodymyr Zelensky

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Le président ukrainien a estimé dans un entretien à l'AFP que l'Occident a "peur" aussi bien d'une défaite russe que d'une défaite ukrainienne et a regretté de ne pas avoir le droit d'utiliser les armes occidentales pour viser le territoire russe. Volodymyr Zelensky a également rejeté l'idée de "trêve olympique", proposée par Emmanuel Macron.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué dans un entretien à l'AFP vendredi les défis auxquels fait face l'Ukraine: nouvel assaut russe, aide occidentale, manque d'hommes, trêve olympique, invitation à la Chine au sommet de la paix. Le chef d'Etat a également estimé que l'Occident a "peur" aussi bien d'une défaite russe que d'une défaite ukrainienne.

L'Ukraine se prépare à une offensive plus large de la Russie

Celui-ci a jugé que le nouvel assaut russe contre la région de Kharkiv, pourrait être la première vague d'une offensive plus large touchant l'Est et le Nord. Malgré le "risque" de percées russes face à une armée ukrainienne affaiblie par des pertes et le manque d'armement, l'Ukraine va continuer de se battre, a-t-il assuré.

"Ils sont à 5-10 km maximum de la frontière, on les a stoppés (...) je ne dirai pas que c'est un grand succès (russe), mais on doit être sobre et admettre que ce sont eux, pas nous, qui s'enfoncent dans notre territoire. C'est leur avantage", a-t-il constaté. 

Il a aussi estimé que la Russie n'avait pas les forces pour lancer une offensive terrestre contre Kiev, la capitale. Si les troupes russes ont fait des avancées dans la région de Kharkiv après avoir franchi par surprise la frontière à l'aube du 10 mai, la situation dans ce secteur est aujourd'hui meilleure pour l'Ukraine, a assuré le chef de l'Etat.

"L'Occident veut juste que la guerre s'arrête, aussi vite que possible", lance Volodymyr Zelensky

S'agissant de pourparlers, avant la conférence sur l'Ukraine prévue mi-juin en Suisse, le président Zelensky a appelé l'Occident à ne pas seulement vouloir mettre fin à la guerre avec la Russie, mais à chercher une "paix juste" pour son pays. " "Nous nous trouvons dans une situation absurde où l'Occident a peur que la Russie perde la guerre. Et (en même temps) il ne veut pas que l'Ukraine la perde", a-t-il dit.

Volodymyr Zelensky a également souhaité voir la Chine et des pays du Sud "impliqués" dans la conférence sur la paix. "Des acteurs mondiaux" comme la Chine "ont une influence sur la Russie. Et plus nous aurons de pays de ce type de notre côté, du côté de la fin de la guerre, je dirais, plus la Russie devra compter avec cela", a relevé le président ukrainien.

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Utilisation des armes occidentales

Il a aussi fustigé ses alliés qui lui interdisent d'utiliser les armes occidentales pour frapper le territoire russe, de crainte que ça ne pousse le Kremlin à une escalade. "Ils peuvent nous frapper depuis leur territoire, c'est le plus grand avantage dont la Russie dispose, et nous ne pouvons rien faire à leurs systèmes (d'armements) situés sur le territoire russe avec les armes occidentales. Nous n'en avons pas le droit", a-t-il dénoncé.

Carences aériennes et manque d'effectifs

L'Ukraine n'a qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont elle a besoin et nécessite également 120 à 130 avions de combat F-16 pour pouvoir prétendre mettre fin à la domination de la Russie dans les airs, a estimé le président ukrainien.

L'Ukraine a en outre été affaiblie, face à un ennemi mieux armé, par l'arrêt quasi-total pendant plusieurs mois de l'aide militaire américaine et les lenteurs de l'européenne. Mais maintenant que les Etats-Unis ont voté 60 milliards de dollars d'assistance M. Zelensky veut voir des livraisons. 

"Peut-on avoir trois milliards pour acquérir deux (Patriots) pour la région de Kharkiv (cible d'assauts continus), comme ça les bombes ne tomberont plus sur nos soldats?", a-t-il dit.

Volodymyr Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. "Il y a un nombre important de brigades qui sont vides", a-t-il dit. Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 ans à 25 ans, qui est entrée en vigueur samedi. Vendredi, le président Volodymyr Zelensky a également signé une loi qui permet de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Zelensky ne veut pas de trêve olympique

Le chef de l'Etat a aussi indiqué avoir rejeté l'idée de "trêve" pendant la durée des Jeux olympiques de Paris en été que souhaitait le président français Emmanuel Macron.

"J'ai dit: Emmanuel, nous n'y croyons pas. Imaginons une seconde qu'il y ait un cessez-le-feu. D'abord, on ne fait pas confiance à Poutine. Deuxièmement, il ne va pas retirer ses troupes. Troisièmement, (...) dis-moi Emmanuel, ai-je dit, qui garantit que la Russie ne va pas en profiter pour faire venir ses troupes sur notre territoire", a raconté Volodymyr Zelensky, rejetant une "trêve qui ferait le jeu de l'ennemi".

RMC avec AFP