La Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

Un avion militaire chinois survole l'île Pingtan, proche de Taïwan, le 5 août 2022. - Hector RETAMAL / AFP
L'armée chinoise a lancé de nouveaux exercices militaires dans le détroit de Taïwan. Une conséquence des tensions entre l'île et la Chine, après la rencontre entre la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et le président de la Chambre des représentants aux États-Unis, troisième personnage de l'État, Kevin McCarthy.
Ces manœuvres "servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant 'l'indépendance de Taïwan' et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices", a averti dans un communiqué un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.
Ces manœuvres comprennent également des "patrouilles", selon l'armée chinoise. Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. Ces exercices, qui revêtent une dimension "opérationnelle", sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête, "si les provocations s'intensifient", à "régler une fois pour toutes la question de Taïwan", a prévenu l'analyste militaire Song Zhongping.
"Une expension autoritaire" de la Chine pour Tsai Ing-wen
Taipei a estimé que ces manoeuvres menacent la "stabilité et la sécurité" dans la région Asie-Pacifique. Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un "expansionnisme autoritaire" de la part de la Chine et assuré que le territoire "continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie".
Ces manoeuvres chinoises font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des "mesures fermes et énergiques" en représailles.
Un rapprochement Taïwan - États-Unis qui ne passe pas
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l'oeuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l'absence de relations officielles fournissent à l'île un soutien militaire substantiel. La Chine considère Taïwan (23 millions d'habitants) comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du "principe d'une seule Chine" défendu par Pékin.
Navires de guerres et garde-côtes
Depuis jeudi, la Chine accentue la pression militaire sur Taïwan avec l'envoi de navires de guerre et d'aéronefs dans le détroit et a, depuis plusieurs jours, renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouilles exceptionnelles.
La localisation exacte des nouvelles manoeuvres n'est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan, le point de Chine continentale le plus proche de Taïwan. La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l'île fait environ 130 kilomètres de large.
Vendredi, des journalistes de l'AFP à Pingtan ont aperçu un navire militaire et au moins deux hélicoptères militaires transiter par le détroit de Taïwan. Il n'était toutefois pas clair si ces mouvements représentaient une augmentation du nombre habituel de patrouilles chinoises dans la zone.
Le précédent de l'été 2022
En août, Pékin avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir, s'était rendue sur l'île. La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n'a rien de comparable avec l'été 2022.
Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l'île. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a-t-on précisé de même source.
Au cœur des discussions Xi Jinping-Macron
Ces manoeuvres militaires interviennent au lendemain d'une visite d'Etat en Chine d'Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping.
"La conversation a été dense et franche" à ce sujet, a indiqué vendredi l'Elysée.
"Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d'illusions", a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d'une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.