Magdebourg: Le gouvernement Scholz veut faire toute la lumière sur l'attaque

Le chancelier Olaf Scholz et la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser à Magdebourg, le 21 décembre 2024. - Ronny HARTMANN / AFP
Le gouvernement allemand a promis dimanche une enquête rapide et minutieuse pour clarifier d'éventuelles erreurs des autorités dans la prévention de l'attaque commise vendredi.
Une voiture-bélier avait traversé à pleine vitesse un marché de Noël de Magdebourg, une ville du nord-est du pays, tuant cinq personnes et blessant plus de 200 autres. Le bilan pourrait encore s'alourdir car une quarantaine de personnes sont grièvement blessées.
Les enquêtes des autorités de sécurité "sont menées à un rythme soutenu" et "chaque pierre sera soulevée", a déclaré la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, dans un communiqué. Présenté à un juge samedi soir, le suspect a été placé en détention provisoire.
Dresser un portrait
Depuis vendredi soir, les questions fusent sur les raisons qui ont poussé le suspect, un médecin saoudien de 50 ans, à commettre l'attaque et sur d'éventuelles défauts d'alerte malgré les signaux inquiétants qu'il envoyait depuis des années.
"Les opinions et déclarations du suspect seront examinées de même que les indices et procédures auprès des différentes autorités et de la justice, afin d'en tirer les conclusions appropriées", a souligné Mme Faeser.
L'objectif est de dresser un portrait de cet auteur présumé "qui ne correspond à aucun profil connu", avec l'aide de l'Office fédéral de la police criminelle (BKA) et d'autorités locales.
La ministre ainsi que des hauts fonctionnaires seront auditionnés le 30 décembre par la commission des affaires intérieures du Bundestag, preuve de la pression des députés sur le gouvernement, à deux mois d'élections anticipées fin février.
De nombreuses menaces
Selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé il y a un an une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND au sujet de Taleb Jawad al-Abdulmohsen. En cause: un de ses tweets dans lequel il menaçait l'Allemagne d'un "prix" à payer pour son traitement des réfugiés saoudiens.
L'avertissement est resté sans effet, pendant que l'homme s'enfermait dans des discours complotistes, accusant l'Allemagne de ne pas protéger les Saoudiens fuyant l'islam rigoriste tout en accueillant des musulmans radicaux.
En 2013, il avait été condamné à une amende à Rostock, dans le nord-est de l'Allemagne, pour "troubles à l'ordre public" et "menaces de commettre des crimes".
La police allemande, après une évaluation "de risque" l'an dernier, avait jugé qu'il ne présentait pas de "danger particulier", rapporte dimanche le quotidien Die Welt.
L'administration critiquée
Le chancelier Scholz a appelé les Allemands à "se serrer les coudes", mais l'attaque alimente les critiques en pleine campagne électorale.
"L'impéritie de l'administration, qui a permis l'horreur de Magdebourg, laisse sans voix", a critiqué Alice Weidel, la cheffe de file de l'extrême droite allemande donnée en forte progression aux législatives du 23 février.
Même discours chez l'autre parti anti-système, de gauche radicale cette fois, BSW, dont la responsable, Sahra Wagenknecht, exige des explications après qu'un "si grand nombre de mises en garde ont été ignorées".
Tout au long du week-end, les responsables politiques allemands ont défilé sur les lieux du drame à Magdebourg, où quatre femmes, âgées de 45 à 75 ans, et un garçon de 9 ans ont été tués dans l'attaque de vendredi.