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Migrants: l'hospitalité suédoise en berne

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Longtemps considérée comme une terre d’accueil privilégiée, la Suède a brusquement fermé ses portes il y a 4 ans, après un afflux migratoire sans précédent. Confrontés à l’impossibilité d’accueillir les réfugiés dans des conditions décentes, les Suédois se sont résolus à rétablir les contrôles aux frontières en 2015. Une décision qui n’a pas été contredite depuis.

Promenade matinale pour Lena et Boje. Aux élections européennes, ce couple de retraités suédois votera pour les verts. Ils jugent pourtant tous les deux nécessaire les contrôles aux frontières, rétablis en 2015.

"Cette année-là, la Suède a accueilli beaucoup de migrants. C’était une mauvaise idée d’en accueillir autant au même moment", juge Lina.

Boje renchérit: "Dans beaucoup d’endroits, Les gens vivaient dans la rue, dans les tentes, c’était un problème. Bien sûr, fermer les frontières n’était pas la solution idéale, à long terme, j’espère qu’on pourra les rouvrir".

Deux fois par semaine, dans un bâtiment de la banlieue de Stockholm, Hanna Nyberg organise des activités pour faciliter l’insertion des migrants. Cette responsable d’association s'inquiète du rejet grandissant de l’immigration dans son pays:

"En 2015, les gens étaient davantage disponibles pour aider ceux qui fuyaient la guerre. Aujourd’hui, on est moins nombreux à s’en préoccuper. L’atmosphère s’est tendue. On entend dans le métro certains dire qu’il faudrait d’abord prendre soin des nôtres avant de nous occuper des autres. C’est de plus en plus courant".

"Certains aimeraient me voir quitter le pays, j'en suis conscient"

C’est justement pour trouver une ambiance bienveillante que Mella participe régulièrement aux ateliers de cette association. Ce Syrien de 27 ans, arrivé à Stockholm en 2015: "Je viens ici parce qu’ils sont ouverts d’esprit, ils aident les réfugiés, avec les papiers, la langue et beaucoup d’autres choses, c’est ma seconde maison. Oui, bien sûr, certains aimeraient bien me voir quitter le pays. J’en suis conscient".

Aujourd’hui, Mella parle suédois et étudie pour devenir infirmier. Il le dit avec le sourire. S’il devait choisir à nouveau, c’est bien en Suède qu’il irait se réfugier. Nulle part ailleurs en Europe.

Victor Joanin et Benoît Ballet