Vers une percée de l'extrême-droite en Suède: "L’économie est menacée par l’arrivée des migrants"

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Ce pourrait être une percée historique. Les Suédois sont appelés aux urnes ce dimanche à l'occasion des législatives. Dans ce pays aussi, un score élevé de l'extrême-droite semble acquis. Les "Démocrates de Suède", aux racines néonazies, pourraient recueillir jusqu'à 20% des votes selon les projections contre 37% pour la coalition de droite et 40% pour la gauche au pouvoir. Les Démocrates de Suède (SD) pourraient se retrouver à la troisième voir la deuxième force du royaume. Un chiffre en hausse de 7 points par rapport aux législatives de 2014.
Le parti dénonce notamment la vague migratoire. Son slogan de campagne est significatif: "Stop à l'immigration". Depuis 2010, 500.000 migrants sont arrivés en Suède. Pourtant le pays va bien sur le plan économique avec 2,8% de croissance prévu en 2018, et 6,7% de chômage, proche du plein-emploi, et des finances publiques dans le vert.
"Changer de trottoir"
RMC s’est rendue dans le quartier de Rosengard à Malmö, où vit une grande partie de la population d’origine étrangère. Sur le parking d'un vieux centre commercial, encerclé de voies rapide, nous rencontrons Ashan, un afghan de 21 ans. Arrivé à Malmö en 2013, il parle déjà très bien le suédois et l’anglais, et il observe, petit à petit, les choses changer. "Il y a cinq ans, si je marchais dans cette rue là-bas et que je croisais une fille par exemple, il ne se passait rien. Aujourd’hui, si je croise quelqu’un à minuit sur cette même route, vous pouvez être sûr que la majorité des Suédois va changer de trottoir".
12% de Suédois d'origine étrangère vont voter pour l'extrême-droite
Entre l’arrivée d’Ashan il y a 5 ans et aujourd’hui, la suède a accueilli près de 500.000 demandeurs d’asile. Le gouvernement s’est retrouvé dépassé. Et l’extrême droite a su capitaliser. "Pour eux, je suis perçu comme un criminel, et ça va m’arriver de plus en plus! Ça me rend triste, évidemment", déplore-t-il.
Alors pour se protéger, certains immigrés optent pour une toute autre stratégie: voter eux-mêmes pour l’extrême droite. Nima, né en Iran, a pris sa carte aux Démocrates de Suède. "Quand on est arrivés ici, c’était pour avoir un futur. Alors quand on voit ce futur… et quand on voit que l’économie est menacée par l’arrivée des migrants, alors on vote pour l’extrême droite". Comme Nima, quelques 12 % de Suédois d’origine étrangère auraient d’ailleurs décidé de voter aujourd’hui pour l’extrême-droite.