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"Mon mari restait là, dans un bain de sang": à Boutcha, les atrocités russes impossibles à oublier

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Un an après la fin de l'occupation de Boutcha, en Ukraine, les survivants n'arrivnet pas à oublier. Nombreux sont ceux qui ont perdu des proches, tués par les soldats russes, dans d'atroces conditions. L'époux de Ludmila a été fusillé devant elle et son corps est resté cinq jours sur le pas de sa porte. Elle avait interdiction de sortir. Aujourd'hui reconnue comme victime de crime de guerre, elle a accepté de témoigner au micro de RMC.

À Boutcha, en Ukraine, les soldats russes sont partis, mais les traumatismes sont toujours là. Difficile d'oublier tout ce qu'il s'est passé. Cette ville, devenue un symbole des crimes commis en Ukraine, a été occupée pendant un mois entre mars et avril 2022. Un an après la fin de l'occupation, les images des atrocités restent dans la mémoire des habitants, tout comme les souvenirs de ceux qui ont perdu la vie.

"Il aurait eu 70 ans dans trois mois, j’avais déjà trouvé une robe pour son anniversaire, mais la robe a brûlé et mon mari est mort": Ludmila, 68 ans, vivait dans une maison avec sa famille. Pendant l'occupation, cette habitation a été rasée et son époux a été fusillé, devant elle.

Interdiction de sortir

Durant cinq jours, Ludmila a été obligée de rester dans la cave de son voisin tout en sachant que le corps de son mari gisait sur le pas de sa porte.

"Les Russes m’ont dit de ne pas sortir de chez moi. Je les suppliais chaque jour de retourner chez moi. Je trouvais des prétextes pour m’assurer qu’ils n’avaient pas emmené le corps de mon mari, j’allais près de lui et je le regardais. Je pleurais et je retournais dans la cave", raconte-t-elle au micro de RMC, émue.

Elle ajoute: "Son corps était juste là, j’ai encore son image dans mes yeux. Il avait reçu une balle dans la tête, son crâne avait explosé et il restait là, dans un bain de sang."

Inlassablement, elle a supplié les soldats russes d'enterrer le corps de son époux, avant de fuir Boutcha par un corridor humanitaire. Quand elle est revenue, elle n'a pu que constater que la tombe était vide. Elle est donc partie à la recherche de ce corps dans les morgues et a pu l'enterrer.

"J'espère que quelqu'un sera puni"

Aujourd'hui, elle est reconnue comme victime de crime de guerre. "J’ai tout raconté aux enquêteurs, ils ont tout enregistré. J’espère que quelqu’un sera puni", souligne Ludmila.

Au département des crimes de guerre du bureau du procureur général d'Ukraine, les enquêtes sont nombreuses. "Nous faisons notre possible", explique Yuriy Belousov, le directeur. "Nous mettons la priorité sur les chefs de cette opération parce qu’ils sont la cause de tous ces crimes. Je me souviens du jour où un mandat d’arrêt a été décerné contre Vladimir Poutine. Ça veut dire qu’une justice est possible", conclut-il.

Marion Gauthier (avec Astrid Bergere)