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Moscou dit avoir visé des cibles "militaires" en Ukraine, en représailles de la frappe à Belgorod

Un missile tiré depuis la ville russe de Belgorod, près de la frontière ukrainienne, le 21 septembre 2023

Un missile tiré depuis la ville russe de Belgorod, près de la frontière ukrainienne, le 21 septembre 2023 - Vadym Bielikov / AFP

Un regain de tension s'opère entre l'Ukraine et la Russie en cette fin d'année 2023. Après une attaque par missile sur Belgorod imputée à l'Ukraine samedi, la Russie a répliqué en frappant des "cibles militaires" dimanche 31 décembre.

Moscou a déclaré dimanche avoir frappé des cibles "militaires" dans la ville ukrainienne de Kharkiv, les autorités locales assurant au contraire qu'il s'agissait de bâtiments civils, des représailles à l'attaque sans précédent qui a fait 24 morts la veille à Belgorod, en Russie.

Samedi, la Russie avait assuré qu'elle ne laisserait pas "impunie" l'attaque de missiles et de roquettes contre cette ville située à une trentaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.

Moscou assure que Kiev en est responsable, mais l'Ukraine est pour l'instant restée muette. Ces bombardements ont tué 24 personnes et blessé 108 autres, selon un nouveau bilan annoncé par le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov. Si Kiev mène régulièrement des attaques en territoire russe, notamment à l'aide de drones, il s'agit de la frappe la plus meurtrière pour les civils en Russie depuis le début du conflit en février 2022.

"En réponse à cet acte terroriste, les forces armées russes ont frappé des centres de décision et des installations militaires" à Kharkiv, a déclaré le ministère russe de la Défense dimanche.

Moscou nie viser des cibles civiles

Le gouverneur de la région ukrainienne, Oleg Sinegoubov, a pourtant assuré que des roquettes avaient visé samedi soir un hôtel, des bâtiments résidentiels, des cliniques ou des hôpitaux, faisant 28 blessés. Parmi eux, deux adolescents et un Britannique, qui était le conseiller sécurité d'une équipe de journalistes allemands, selon les autorités ukrainiennes.

La Russie a reconnu avoir visé un "ancien complexe hôtelier", le Kharkiv Palace, mais a assuré que s'y trouvaient des membres des renseignements militaires et des forces armées ukrainiennes "impliqués" dans l'attaque de Belgorod, ainsi que des "mercenaires étrangers". Moscou nie toujours viser des cibles civiles en Ukraine.

Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, a affirmé que des attaques de drones avaient aussi endommagé des "cafés, immeubles résidentiels et bureaux", sans faire état de victimes.

"A la veille du Nouvel An, les Russes veulent intimider notre ville, mais nous n'avons pas peur", a-t-il ajouté.

Une cinquantaines de drones lancés par la Russie

De son côté, l'armée de l'air ukrainienne a affirmé que six missiles guidés russes avaient visé Kharkiv. Elle a en outre dit avoir abattu 21 des 49 drones Shahed, de fabrication iranienne, lancés par la Russie vers son territoire dans la nuit et ciblant particulièrement le sud et l'est.

Ces derniers jours ont été marqués par une escalade de violence entre la Russie et l'Ukraine. Vendredi, l'Ukraine a été endeuillée par une attaque de missiles qui était, selon elle, la plus massive depuis le début du conflit, à l'exclusion de ses tout premiers jours.

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Le président Volodymyr Zelensky a affirmé samedi après-midi que 39 personnes étaient mortes sur l'ensemble du pays, mais d'autres décès ont été annoncés depuis.

"Attaque aveugle"

Samedi, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la frappe de Belgorod, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia a accusé Kiev d'"une attaque aveugle et délibérée contre une cible civile".

Le représentant britannique Thomas Phipps a rétorqué que "si la Russie veut blâmer quelqu'un pour les morts de Russes dans cette guerre, elle devrait commencer avec le président Poutine".

Dimanche, Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky doivent tous deux prononcer des discours attendus pour le Nouvel an, après une année 2023 marquée par l'échec de la contre-offensive estivale de l'Ukraine et le gel quasi-total de la ligne de front.

Des nouvelles d'autant plus inquiétantes vu de Kiev que l'aide occidentale commence à s'essouffler, en Europe comme aux Etats-Unis, faisant entrevoir le risque d'un assèchement du flot de munitions et de fonds.

AL avec AFP