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ONU, Sud-Liban, Finul: pourquoi ça se tend entre la France et Israël

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Depuis plusieurs semaines, la tension monte entre Paris et Tel Aviv. Alors qu'Israël met la pression sur les Casques bleus de l'ONU présents dans le Sud-Liban, Emmanuel Macron a tenu à rappeler à Benjamin Netanyahu que c'est grâce aux Nations unies que l'Etat hébreu avait été créé.

Au cœur de l’impasse diplomatique au Proche-Orient, le ton monte entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu. Alors qu’Israël ignore les appels de l’ONU à un cessez-le-feu, le président de la République française a tenu à rappeler que le Premier ministre israélien ne devait pas "oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU (...) et par conséquent ce n'est pas le moment de s'affranchir des décisions de l'ONU".

Emmanuel Macron fait référence au plan de partage du territoire en un Etat juif et un Etat arabe par l’Assemblée générale des Nations unies, en novembre 1947.

On ne sait pas si ces propos avaient vocation à être diffusés, mais le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a précisé à BFMTV qu’ils s’inscrivaient "dans un propos général rappelant l’importance pour Israël comme pour tous de respecter la charte des Nations unies".

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : Macron-Netanyahu, le ton monte - 16/10
3:26

Il reste que ces mots ont irrité le gouvernement israélien... Et la réponse cinglante de Benjamin Netanyahu n'a pas traîné: "Ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’État d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste - notamment du régime de Vichy en France".

C'est une véritable passe d'armes, une joute diplomatique voire même un clash, même si Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu se sont parlé au téléphone ce mardi.

Tensions anciennes

Mais les tensions ne sont pas nouvelles. Le torchon brûle depuis que la France plaide pour un arrêt des exportations d’armes vers Israël: seul moyen de mettre fin aux guerres au Liban et à Gaza pour Emmanuel Macron.

La situation s’est encore crispée ces derniers jours. Paris juge tout à fait inacceptable" que les Casques bleus de l’ONU soient visés par Tsahal dans le sud du Liban. Emmanuel Macron a dit son "indignation" après que plusieurs Casques bleus ont été blessés.

Car dans cette zone, se trouve la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), qui compte 10.000 soldats sous pavillon de l'ONU dont 700 Français.

Depuis la fin de la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah libanais en 2006, ces Casques bleus et l’armée régulière libanaise sont normalement les seuls soldats à pouvoir se déployer dans la région.

D’un côté, Israël accuse l’ONU d’avoir fermé les yeux sur les agissements et le réarmement du Hezbollah. De l’autre, Israël est également accusé. On recense des tirs jugés "délibérés" contre des positions des Casques bleus. La Finul a dénoncé dimanche l’entrée de deux chars israéliens sur une de ses positions.

Techniquement, ces forces de l’ONU ont le droit de se défendre, d’employer la force. Dans les faits, il est très difficile d’imaginer une force ONUsienne riposter contre Israël.

Israël demande aux forces de l'ONU de quitter la zone "immédiatement"

De son côté, Benjamin Netanyahu demande à l'ONU de quitter la zone "immédiatement". L’ONU a d'ores et déjà répondu "non". "Il est important que le drapeau des Nations unies continue de flotter haut dans cette région", selon le porte-parole  de la Finul, pour qui l’armée israélienne veut avoir une "liberté d'action sur toute sa zone d'opération".

Israël assure avoir découvert un tunnel dans cette zone, qui serait un ouvrage du Hezbollah et qui se trouverait à deux pas d’un poste avancé de la Finul, la base UNP 1-31. Tout près de la frontière libano-israélienne. Un tunnel qui fait dire à l’Etat hébreu que malgré la présence de l’ONU et la résolution de 2006, le Hezbollah a bien pu se servir de la zone comme point d’appui. Rien qui ne semble pouvoir apaiser la crise de confiance entre Israël et l’ONU.

Matthieu Belliard (avec G.D.)