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"Pas de ça chez nous": le président polonais se sert des émeutes en France à des fins électorales

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Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki utilise les émeutes en France pour sa campagne électorale, en publiant sur se réseaux sociaux un clip choc montrant des images des pillages et dérgradations avec un message politique.

A quelques mois des élections législatives en Pologne, Mateusz Morawiecki a publié une vidéo choc. On y voit des images de Marseille, de Nanterre, de Strasbourg ou de Paris. Mais pas de bonnes images : celles des émeutes et pillages que l'on connaît depuis mardi dernier et la mort du jeune Nahel tué lors d'un contrôle de police à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Des images de pillages, de bâtiments en feu, de tirs de mortier contre la police. Et ces scènes de violences alternent avec des scènes bucoliques tournées en Pologne. Des familles dans un parc, une enfant qui achète une glace, des jolies filles dans des rues piétonnes... Le message est clair : il fait bon vivre chez nous, pas comme en France.

Le clip se termine par ces mots: "Nous ne voulons pas de cela en Pologne. La sécurité du peuple polonais avant tout". Le clip a été vu 4 millions de fois sur Twitter et le Premier ministre a ensuite écrit un texte pour enfoncer le clou : "Notre programme, c’est une Europe aux frontières sûres, c’est la sécurité et l’ordre public…"

Un Premier ministre qui, au départ, avait plutôt l’image d’un modéré

Mateusz Morawiecki est surtout un anti-communiste, fils d’un des fondateurs de Solidarnosc, qui imprimait des tracts dès l'âge de 12 ans, et qui a 14 ans a été arrêté par la police communiste.

Lorsqu’il s’est fait élire en 2017, c'était un banquier, qui a d’abord gagné sur son programme économique. Il a baissé l'âge de la retraite, augmenté les allocations familiales, renationalisé les secteurs stratégiques, fait baisser le chômage.

Mais, progressivement, la question de l’immigration est devenue au centre de son action et au centre d’un bras de fer avec l'Europe. La Pologne s'oppose à un mécanisme soutenu par la France et l'Allemagne. Il prévoit une solidarité entre Etats européens dans l'accueil des demandeurs d’asile et donc une répartition par quota.

La semaine dernière encore, la Pologne et la Hongrie ont réussi à bloquer ce projet lors d’un sommet européen. Et c’est juste après que le Premier ministre a publié son clip sur les émeutes. Comme un pied de nez à l'égard des français en général et d'Emmanuel Macron en particulier.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)