Pourquoi l'Allemagne va relancer ses centrales à charbon "à contrecœur"
Pour compenser la baisse des livraisons de gaz russe, l'Allemagne décide de relancer ses centrales à charbon. Le ministre de l’Économie allemand parle d’un recours “amer” à la plus polluante des énergies fossiles. Mais il estime qu’il n’y avait pas d’autres choix pour sécuriser sa production d’énergie face aux baisses récentes de livraisons de gaz russe.
Ce recours accru au charbon est un revirement pour le gouvernement de coalition d'Olaf Scholz, qui a promis d'abandonner cette source d'énergie d'ici à 2030, soit huit ans plus tôt que prévu par Angela Merkel.
L'Allemagne a déjà fait beaucoup d’efforts pour réduire sa dépendance à la Russie sur le pétrole et le charbon. Mais c’est sur le gaz que c’est le plus compliqué, même si elle a aussi baissé. En effet, 35% de son gaz continue de venir de Russie, contre 55% avant le déclenchement de la guerre.
Vers une interdiction de la circulation le dimanche?
Il y avait une autre solution, retarder la fermeture des centrales nucléaires, programmée depuis la loi de 2011. L’Allemagne a déjà arrêté trois réacteurs nucléaires le 31 décembre. Trois autres sont encore en service, mais devraient fermer d’ici fin 2022. La rationalité aurait été de les prolonger, mais l’opposition est encore plus forte sur le nucléaire que sur le charbon.
Face à l'urgence, le gouvernement fait tout pour inciter aux économies d'énergie. Berlin prévoit notamment un système d'enchères pour les industriels consommant du gaz. L'Etat récompensera les entreprises qui promettront l'économie d'énergie la plus importante. Autre réflexion radicale, interdire la circulation le dimanche. Une mesure qui avait déjà été prise en 1973, lors du premier choc pétrolier.
Il faut dire que la situation énergétique allemande est catastrophique. Selon l’équivalent de la Cour des comptes outre-Rhin, la sécurité d'approvisionnement du pays en électricité n'est plus assurée. Il existe un risque de pénurie et les coûts sont hors de contrôle. Les ménages allemands paient le KWh le plus cher d'Europe, à 31 centimes, soit près de deux fois plus cher qu'en France. Et l'augmentation des prix de l'énergie pour les entreprises est une menace pour l'activité industrielle allemande.