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Pourquoi les propos controversés du vice-président américain, JD Vance, mettent l'Europe en émoi

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Présent à la conférence de sécurité de Munich, vendredi, JD Vance, le vice-président des États-Unis, a tenu des propos controversés sur l'état de la liberté d'expréssion en Europe et la politique migratoire du continent.

Le vice-président des États-Unis, JD Vance, a tenu, vendredi, des propos très controversés lors de la conférence de sécurité de Munich. L'Américain a voulu donner une leçon de démocratie à l’Europe. Un sermon sur la liberté d’expression. Un discours à charge face au parterre de dirigeants européens sidérés réunis à Munich.

"La menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe, ce n’est ni la Russie ni la Chine ni aucun autre acteur externe. Ce qui m’inquiète c’est la menace qui vient de l’intérieur. Le recul de l’Europe par rapport à certaine de ses valeurs les plus fondamentales, des valeurs qu'elle partage avec les États-Unis", a-t-il notamment déclaré.

Dans le viseur du numéro 2 américain: la liberté d’expression, qui selon lui est en recul dans toute l’Europe. Contrairement aux États-Unis, où il y a "un nouveau shérif en ville", Donald Trump, qui, lui, se battra pour préserver cette liberté d’expression selon JD Vance.

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Le dossier compliqué par Hélène Terzian : Les propos controversés de J. D. Vance - 17/02
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JD Vance soutient l'extrême droite européenne

Plusieurs raisons expliquent que ce dernier fasse ce genre de déclarations. D’abord, la volonté des dirigeants nationaux et des commissaires européens de réguler les réseaux sociaux "au nom de la lutte contre la désinformation". Des mots "laids", estime JD Vance, "qui remontent", selon lui, "à la période soviétique".

À la tribune, le vice-président américain fait aussi référence aux élections présidentielles en Roumanie. Il dénonce l’annulation du premier tour, après l’arrivée en tête, contre toute attente, du candidat d’extrême-droite, qui avait fait campagne sur TikTok. La plateforme chinoise avait été soupçonnée d’ingérence russe, qui aurait poussé la candidature du candidat extrémiste. L’occasion pour Vance de dire que la démocratie en Europe "n'est pas très forte" si elle peut être détruite avec "quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique d'un pays étranger".

Défense de l'extrême droite allemande

Le vice-président américain s'en est également pris à la politique migratoire. "Il faut que l’Europe change de cap" face à l’immigration, a-t-il dit. JD Vance s’engouffre dans le drame de l’attaque à la voiture-bélier de Munich, la semaine dernière, qui a tué une maman et sa fille, et fait une quarantaine de blessés. Le suspect est un jeune Afghan.

"Aucun électeur de ce continent ne s'est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d'immigrants non contrôlés", a-t-il déclaré.

Cette déclaration n'est pas étonnante venant de JD Vance qui défend l'AfD, le parti d'extrême droite allemand qui monte encore dans les sondages, à une semaine des élections fédérales. L'Américain plaide pour la fin du "cordon sanitaire" autour de l'AFD. Pour Vance, cela équivaut à "dire à des millions d'électeurs que leurs préoccupations (…) ne méritent même pas d'être prises en considération".

Bruno Retailleau parle d'un "mal démocratique"

Ces propos sont vus comme une ingérence de l’administration Trump dans la campagne, après le soutien affiché de son homme fort, Elon Musk, à l’AfD. "Inacceptables", selon le ministre de la Défense allemand. Le chancelier Olaf Scholz a défendu ce "mur pare-feu", l’équivalent du cordon sanitaire. Côté français, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, estime quant à lui que "personne ne peut imposer son modèle à l’Europe".

D'autres vont, pourtant, dans le sens de JD Vance. À commencer par Bruno Retailleau. Sans faire directement référence aux propos du vice-président américain, le ministre de l’Intérieur parle carrément d’un "mal démocratique en Occident", le fait selon lui que "les dirigeants ne suivent pas les aspirations de leur peuple". Bruno Retailleau veut même "privilégier" la souveraineté populaire face à l’État de droit. De quoi tout de même faire écho à ce qu’a dit JD Vance à Munich.

Une autre personnalité a en tout cas bel et bien réagi à contre-courant des dirigeants européens. La présidente de la Suisse a déclaré partager beaucoup de valeurs libérales de JD Vance et son discours est pour elle "un plaidoyer pour la démocratie directe".

Hélène Terzian