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"Prigojine a lancé sa campagne présidentielle": coup d'état avorté, un ex-espion du KGB décrypte

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Pour Sergueï Jirnov, ancien espion du KGB, le coup d'état avorté de Evguéni Prigojine, témoigne de ses ambitions présidentielles et fait de lui un successeur crédible à Vladimir Poutine.

La Russie en proie au doute. Après la tentative de coup d'état de Evgueni Prigojine, le chef de Wagner, l'avenir du pays est indécis. Si le bain de sang a été évité et le demi-tour des miliciens armés qui se dirigeaient vers Moscou, certains observateurs estiment que le coup de force pourrait jouer en faveur du patron de la milice privée.

Par son coup de force, l'ancien "cuisinier" de Vladimir Poutine se serait même mué en potentiel futur présidentiable en Russie: "On l’attendait, cela fait 10 mois qu'Evgueni Prigojine est devenu un homme politique", explique ce lundi sur le plateau des "Grandes Gueules", l'ancien espion du KGB Sergueï Jirnov.

"Il veut devenir président de Russie"

Une mue qui aurait commencé lorsqu'il a assumé être à la tête de Wagner, après des années de dénégations: "Jusqu’au mois de septembre, il disait ne pas être dirigeant de Wagner. Depuis le mois de septembre, il dit ' Wagner c’est moi'. Ensuite il a commencé à insulter les numéros 1 et 2 du ministère de la Défense, Sergueï Choïgou et Valeri Guerassimov. Et Poutine le laisse faire et tout ça en temps de guerre", s'étonne l'ancien du KGB sur RMC et RMC Story.

"Evgueni Prigojine a perdu mais reste là", ajoute SergueÏ Jirnov alors que le chef de Wagner a fait demi-tour et se serait exilé en Biélorussie. "Il veut devenir président de Russie et il vient de lancer la campagne présidentielle de 2024", analyse-t-il.

Et malgré ses récentes provocations, Vladimir Poutine a refusé d'écouter Shoïgou et Guerrassimov, de peur d'être manipulé. Jusqu'au 23 juin. Alors qu'à partir du 1er juillet chaque soldat doit avoir signé un contrat individuel, un premier signal pour une éventuelle dissolution de Wagner poussant Prigojine à se rebeller malgré les appels de Vladimir Poutine à signer.

"Poutine a commencé à se demander pour qui se prenait Prigojine. Guerassimov et Shoïgou ont obtenu de Poutine la tête de Prigojine. Et apparemment, le FSB est venu à Saint-Pétersbourg arrêter le chef de Wagner. Il a alors pris l'avion pour Rostov d'où il a commencé son avancée vers Moscou", explique Sergueï Jirnov.

"Il savait qu'il allait être écrasé par la contre-attaque ukrainienne"

Mais cette tentative de coup d'état n'était pas improvisée. Elle était fomentée dans l'ombre depuis plusieurs semaines: "Cela fait trois semaines qu’il concentre ses forces sur la frontière de la Russie. Prigojine ne pouvait plus rester sur le front, il savait qu'il allait être écrasé par la contre-attaque ukrainienne. Il ne pouvait pas perdre la face parce qu'il avait vendu une victoire à Bakhmout dès le 20 mai. Il ne pouvait pas quitter le front sans rendre les armes. Donc avec ses hommes désarmés, il ne pouvait rien faire. Pour sauver sa peau, il s’est dit que la seule chose qui lui restait, c’était marcher sur Moscou", précise Sergueï Jirnov.

Aujourd'hui, Prigojine jouit d'une popularité supérieure à Vladimir Poutine à l'intérieur de la Russie, selon Jirnov: "C'est le seul que l'on voit sur le front depuis le début", assure l'ancien du KGB. "Il a fait 10 ans de taule, c’est un taulard, un bandit et en Russie, c’est une qualité", ajoute-t-il.

Après l'arrêt de sa marche vers Moscou, Prigojine se serait réfugié en Biélorussie, se rapprochant ainsi physiquement de Kiev: "C'est un grand danger, surtout que Vladimir Poutine a transféré des armes nucléaires en Biélorussie. Un deuxième front peut s'ouvrir", prédit Sergueï Jirnov, qui estime ainsi que Prigojine n'a pas encore tout perdu.

G.D.