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Russie: "Vous ne pourrez pas emprisonner tout le pays", lance Navalny après sa condamnation

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L’opposant russe Alexei Navalny a été condamné à trois ans et demi de prison mardi, par le tribunal de Moscou. Il dénonce un procès commandé par Vladimir Poutine et a appelé à descendre dans la rue pour protester. Son appel a été entendu, mais 1.000 personnes ont été interpellées.

Alexei Navalny a été condamné mardi soir à deux ans et demi en prison par le tribunal de Moscou pour avoir violé les conditions de son contrôle judiciaire. L'opposant russe a écopé trois ans et demi de prison, à laquelle la juge a retiré les mois passés assigné à résidence en 2014, au moment où il avait été condamné pour détournements de fonds. Sa peine avec sursis a finalement été transformée en ferme.

C'est la plus longue peine de prison prononcée contre Alexei Navalny, qui avait été arrêté le 17 janvier à son retour d'Allemagne. Il y avait été hospitalisé pendant cinq mois suite à un empoisonnement dont il accuse le Kremlin. Il dénonce un procès commandé par Vladimir Poutine.

"On en met un en prison pour faire peur à des millions d'autres"

Debout dans son box en verre, les mains dans les poches, Alexei Navalny a écouté le verdict et a dessiné un cœur sur la vitre pour sa femme. Un peu plus tôt, il avait laissé entendre qu'il ne se faisait pas d'illusion sur l'issue du procès : "La raison de tout ça, c'est la haine et la peur d'un homme qui vit dans un bunker, juste parce que je l'ai fâché en survivant à une tentative d'assassinat qu'il a commandé", a-t-il déclaré. Pas question pour autant de reconnaître le bien-fondé de ce jugement, ni d'abandonner son combat: "Le but de cette audience, c'est de faire peur au plus grand nombre possible. Ça marche comme ça: on en met un en prison pour faire peur à des millions d'autres. Vous ne pourrez pas emprisonner tout le pays. J'appelle tout le monde à ne pas avoir peur, à tout faire pour que ce soit la loi qui décide, pas les gens en costume", a lancé Navalny.

"La loi n'existe pas dans notre pays"

Son appel a été entendu par des centaines de manifestants qui sont descendus dans la rue, après l'annonce du verdict. "Navalny a été condamné, ça veut dire que la loi n'existe pas dans notre pays. Ça peut m'arriver aussi, à moi, n'importe quand. Je me bats pour mes droits mes libertés en tant que citoyenne russe", clame par exemple Yana, une manifestante. Selon une ONG russe, plus de 1.000 personnes ont été arrêtées lors des rassemblements pro-Navalny mardi soir dans tout le pays.

La condamnation de l’opposant russe a aussi provoqué un tollé dans le monde occidental. L'Union européenne, la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, la Grande Bretagne ont entre autre appelé à sa libération immédiate. "Une ingérence", selon Moscou.

Immédiatement après le verdict, l'avocate de Navalny a annoncé qu'elle allait faire appel de cette décision.

Martin Bourdin