Sommet pour l’Ukraine à Paris: pourquoi l’Europe veut envoyer un message fort

Plus de 20 dirigeants internationaux se retrouvent ce lundi à Paris pour une conférence de soutien à l’Ukraine. Une réunion organisée par Emmanuel Macron deux ans après le début de la guerre, dans l’urgence. On pourrait même dire improvisée puisque ce n’est que la semaine dernière que les invitations ont été lancées. Et en quelques jours, 20 chefs d'États et de gouvernements ont bouleversé leur agenda et donné leur accord pour venir. Ce sont les principaux dirigeants européens. Les Etats-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne seront eux représentés par des ministres. La réunion commencera à 17h à l'Elysée et elle durera autant que nécessaire, sans soute une partie de la nuit prochaine.
Qu’est-ce qui explique cette urgence? La nécessité d’envoyer un message aux Ukrainiens et aux Russes. Le message aux Ukrainiens, c’est: "On ne vous laisse pas tomber". Le message aux Russes, c’est: "On ne vous laissera pas gagner".
L’Élysée ne cache pas que ce sommet à Paris est une réunion anti-Poutine. Le président russe est désigné comme le principal acteur du chaos et de la déstabilisation mondiale. Et l'on dénonce ses provocations, comme par exemple quand il a pris personnellement la semaine dernière les commandes d’un bombardier nucléaire. Sans parler de la mort au goulag de l'opposant Alexeï Navalny… Les dirigeants européens et occidentaux veulent faire savoir à Vladimir Poutine qu’ils restent déterminés à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra.
Ça bloque aux Etats-Unis
Concrètement, il n’est pas prévu d’annonce de livraison de nouveaux matériels militaires, comme les avions ou les missiles que les Ukrainiens réclament. Il n’y aura sans doute pas un nouveau plan d’aide financière chiffré, et il n’est pas prévu non plus de nouvelles sanctions contre la Russie. Mais ce qui va être affiché aujourd’hui, c’est l’unité des Européens, de quasiment tous les Européens, au moment où les Américains ne sont plus là… Au Congrès, les républicains pro-Trump bloquent le versement des 60 milliards de dollars promis par Joe Biden. Il est vraisemblable que ces aides resteront gelées jusqu’aux élections de novembre et au-delà si Donald Trump l'emporte.
C’est donc le moment que choisissent les Européens pour dire à Vladimir Poutine de ne pas se réjouir trop vite. Et pour lui faire savoir qu’ils restent déterminés. Un message qui vient quelques jours après les annonces par la France et l'Allemagne de nouvelles aides financières importantes: 8 milliards d’euros pour l’Allemagne, 3 milliards d’euros pour la France… Un effort qu’il va falloir expliquer à l’opinion en France puisqu’au même moment, le gouvernement annonce 10 milliards d’euros d'économies.
Sur le terrain, la situation est difficile pour les Ukrainiens. Ils viennent de perdre après des mois de combat la ville d’Avdiïvka, près de Donetsk, la capitale du Donbass. L'armée ukrainienne souffre d’un manque de munitions. Et ce dimanche, pour la première fois, elle a communiqué le nombre de soldats qu’elle a perdu: 31.000 militaires ukrainiens ont officiellement été tués au combat. C’est beaucoup. C’est en deux ans la moitié de ce que les Américains avaient perdu au Vietnam en dix ans…
Il y a tout de même un petit espoir. La Suisse compte organiser une conférence sur la paix d’ici l’été prochain avec les Ukrainiens et les russes. Les Ukrainiens ont un plan de paix à proposer. Il consiste à demander aux Russes de se retirer de tout leur territoire, y compris de la Crimée. Ce qui est absolument inenvisageable pour Moscou. On est donc très loin d’une solution, mais il est possible qu’il y ait bientôt au moins des discussions, peut-être au bord du lac de Genève.