"Ca lui ressemble tout à fait": Philippe Corti explique pourquoi Thierry Ardisson a préparé sa mort

C’était l'une des figures de la télévision française. Le journaliste, producteur et présentateur Thierry Ardisson s’est éteint lundi 14 juillet à l’âge de 76 ans, à Paris. Ont annoncé son épouse et ses enfants le même jour.
Il avait conçu et présenté de très nombreuses émissions pendant des décennies, avec un style direct, voire très provocateur. Ses amis et collaborateurs, nombreux à lui rendre hommage, se souviennent d'un "génie" de la TV, mais aussi d'une manique du contrôle.
Avant de succomber d'un cancer du foie, l'animateur avait mis en scène sa propre mort dans son dernier livre L'homme en noir. Dans une interview au Point, l'animateur avait même raconté avoir tout prévu pour ses obsèques en y formulant plusieurs demandes telles que la présence des trois femmes qu'il a épousées ainsi que de l'encens, les enfants de choeur...
"Je veux voir la mort arriver en face, pas qu’elle me prenne par surprise", confiait-il au Parisien en mai.
"Il contrôlait tout"
L'animateur avait même préparé pour l'occasion un condensé de ses émissions les plus marquantes dans une vidéo de quinze minutes. Un résumé de ses 40 ans de carrière derrière l'écran, se terminant par le générique de Salut les Terriens, diffusé sur Canal+ puis C8 de 2006 à 2019.
"Il contrôlait tout, jusqu'à sa propre mort", raconte sur RMC ce 15 juillet Rémi Jacob, journaliste à la Tribune Dimanche, qui l'a bien connu. "Ses obsèques, il en parlait volontiers, sans tabou", continue-t-il. Le chroniqueur avait tout prévu, même une playlist, passant de David Bowie aux Beatles.
Le jour de sa mort, un dossier de presse a été diffusé avec des photos, des vidéos choisies avec soin... Et le numéro de son ami, le DJ Philippe Corti.
"Ça lui ressemble tout à fait (...) Je le remercie pour ça, même le jour de sa mort, il me fait travailler, un 14 juillet en direct de Corse!", plaisante-t-il en direct sur RMC.
"C'est quelqu'un qui aimait l'organisation. Jusqu'au bout, il aura été fidèle à ses principes", ajoute le DJ, en saluant l'homme qui a fait l'essentiel de "la reconnaissance" des DJ en France.
"Il n'y a pas beacoup de gens comme ça qui mettent la musique comme au centre d'une vie, en France c'est souvent un fond sonore, lui non: c'était une partie intégrante de la culture", souligne-t-il.
"Il avait des idées (...) c'était une légende, un génie de la TV qui vient de s'éteindre", ajoute Rémi Jacob.
Des formats innovants
Son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara, le filmait depuis un moment pour un documentaire intitulé La Face cachée de l’homme en noir, diffusé mercredi 16 juillet sur TMC. Le film se replongera dans ses 40 ans de carrière, de derrière à devant la caméra.
Né en 1949 dans la Creuse, Thierry Ardisson a débuté dans la publicité. Il est notamment l'auteur de formules qui perdurent encore aujourd'hui : "Lapeyre, il n'y en a pas deux", ou "C'est trop, c'est Tropico".
Puis il débute à la télévision et se fait connaître avec "Lunettes noires pour nuits blanches", puis "Tout le monde en parle sur France 2" dans les années 1990 et 2000. Thierry Ardisson passe ensuite aux commandes de "Salut les Terriens", jusqu'en 2019 où il marque avec des interviews innovantes.
"Il arrivait à mélanger les invités sur son plateau, "une p*** et un archevêque", ajoute Rémi Jacob, "il y en avait pour tous les goûts".
Il avait notamment lancé "Hôtel du Temps", un projet où il faisait "revivre" des célébrités disparues grâce à la technologie, ou L'interview cercueil, où une personnalité s'allongeait dans un cercueil pour répondre à des questions post-mortem.
Sa créativité était sa plus grande fierté. En 2022, pour TV Magazine, il parlait déjà de son éloge funèbre. "J’ai envie qu’on dise : “putain, ce mec-là, il avait des idées", disait-il alors.